Les quatre étapes du processus créatif

Au cours de vos études, vous apprenez des connaissances et des méthodes de raisonnement. Vos professeurs vérifient vos acquis, en vous donnant à résoudre des problèmes, qui se présentent sous la forme d’une dissertation de philosophie, d’un problème de mathématique ou d’une étude de document en histoire-géographie, etc. Cependant, il vous est sûrement déjà arrivé de baisser les bras, devant la difficulté. Pourquoi ? Il peut y avoir de nombreuses raisons à cela, comme par exemple des croyances limitantes sur vos capacités.

Dans cet article, je vais vous parler des « quatre étapes du processus créatif ». Cette présentation vous aidera à mieux comprendre comment votre esprit procède, pour résoudre un problème. Vous serez ainsi mieux armés pour vous confronter à la difficulté, au lieu de baisser les bras devant elle.

1. Les quatre étapes du processus créatif

De nombreux scientifiques, comme Léonard de Vinci ou le mathématicien Henri Poincaré, ont cherché à comprendre comment notre esprit fonctionne, pour trouver une nouvelle idée, une nouvelle invention ou pour résoudre un problème. Il existe de nombreuses théories qui proposent un modèle du processus créatif. Je m’inspirerai ici du modèle donné par l’économiste anglais Graham Wallas, dans The Art of Thoughts (1926).

1. Préparation

Dans cette première phase, vous prenez connaissance des données du problème : par exemple, le sujet de dissertation ou l’exercice de mathématique. Vous commencez à travailler dessus, en utilisant vos connaissances.

Par exemple :
pour la dissertation de philosophie : vous définissez les termes clefs du sujet, en vous aidant des définitions vues en cours.
pour le problème de mathématique : vous commencez sa résolution, en appliquant des formules que vous connaissez.

2. Incubation

Dans cette deuxième phase, vous êtes confronté à une difficulté, pour avancer dans la résolution de votre problème. Votre réflexion devient plus laborieuse et vous pouvez même avoir l’impression d’être complètement « dans le noir ».

Par exemple :
pour la dissertation de philosophie : vous êtes bloqué, dans la recherche d’une problématique.
pour le problème de mathématique : vous ne voyez pas comment faire pour passer à la prochaine étape du raisonnement, qui va vous conduire à la résolution du problème.

3. Résolution

Dans cette troisième étape, vous avez une « illumination », à l’image d’Archimède et de son fameux « Eurêka ! » (« J’ai trouvé ! »)

Par exemple :
pour la dissertation de philosophie : ça y est, vous avez trouvé un paradoxe, dans le sujet, pour construire votre problématique.
pour le problème de mathématique : vous avez « le chaînon manquant » (la bonne étape), qui vous permet d’arriver à la solution de votre problème.

4. Vérification

Dans cette dernière étape, vous vérifiez que votre intuition est juste et qu’elle vous mène bien à la solution du problème.

Par exemple :
pour la dissertation de philosophie : votre problématique vous conduit, par un raisonnement argumenté et progressif, à soutenir une thèse, par rapport à la question, qui vous est posée au départ.
pour le problème de mathématique : votre « intuition » vous permet de dérouler le raisonnement, jusqu’à sa solution.

2. La particularité de l’étape n°2 : l’incubation.

L’étape appelée « incubation » est l’étape la plus délicate, dans le processus créatif, car c’est à ce moment-là que vous avez le plus de risque d’abandonner. Mais, c’est aussi l’étape la plus mystérieuse et la plus fascinante.

En effet, comme son nom l’indique (« incubation »), c’est à ce moment-là que votre esprit travaille, pour élaborer des solutions aux problème. Ce travail se fait de manière souterraine, tandis que vous apportez consciemment des éléments à la résolution du problème, sous forme de connaissances ou de déductions logiques.

Ces deux aspects peuvent même être complètement séparés dans le temps, comme cela arrive souvent, chez les chercheurs. Leur cerveau continue à travailler au problème qu’ils veulent résoudre, même quand ils n’y pensent pas. C’est ainsi que la phase suivante (« la résolution ») peut survenir à des moments où ils s’y attendent le moins, par exemple, lors d’une séance de cinéma !

3. Comment faire pour ne pas baisser les bras ?

Il vous faut travailler deux qualités : la ténacité et la souplesse.

La ténacité

Lorsque vous en êtes à la phase de l’incubation, dites-vous qu’il est normal que vous soyez « dans le brouillard ». En effet, dans la cas contraire, cela signifierait que le problème qu’on vous a donné est trop facile pour vous. Cela peut être confortable, dans un premier temps, de ne pas avoir à faire d’efforts ; mais à long terme, ce serait ennuyeux. Imaginez un joueur de tennis qui gagnerait tout le temps, en venant très facilement à bout de ses adversaires : il ne prendrait plus de plaisir à jouer, à la longue !

Ainsi, quand vous avez l’impression de « vous casser la tête », vous ne perdez pas votre temps : vous entraînez la partie inconsciente de votre cerveau à élaborer des hypothèses et à trouver finalement la bonne solution. Et même si vous n’y arrivez pas, dans le temps imparti d’un devoir, dites-vous, qu’en persévérant, vous finirez par y arriver, au prochain.

La souplesse

Cependant, il peut arriver que vous soyez parti dans la mauvaise direction, notamment lors de la phase n°1 (« la préparation »). Vous avez peut-être mal compris une partie de l’énoncé du problème ou oublié une donnée. Vous avez peut-être commencé votre raisonnement d’une manière qui ne vous permette pas d’arriver à la solution demandée. Il vous faut alors faire preuve de souplesse et revenir en arrière.

De même, il se peut que, lors de la phase de vérification, vous constatiez que votre « solution » n’est pas la bonne. Il vous faut alors avoir le courage de revenir à l’étape de l’incubation et recommencer le processus de recherche.

3. Cela fonctionne-t-il exactement de la même manière en philosophie qu’en mathématiques ?

Les quatre étapes du processus créatif modélisent bien ce qui se passe, lorsque vous avez à résoudre un problème scientifique : en mathématiques, en physique ou en biologie.

Par contre, en ce qui concerne les disciplines des sciences humaines, le processus se complique un peu. En effet, si nous reprenons notre exemple de la dissertation de philosophie :
– il n’y a pas de solution unique. Autrement dit, votre correcteur ne s’attend pas à ce que vous apportiez telle ou telle réponse à la question donnée.
– c’est à vous de créer des difficultés, en cours de route, afin que la réflexion ne soit pas plate et convenue d’avance.
– il est donc plus difficile de vérifier que votre solution est « la bonne » que dans le cas de la résolution de problèmes scientifiques.

Conclusion

Le modèle des quatre étapes du processus créatif est un modèle qui vous aide à savoir quelles sont les stratégies gagnantes à adopter, pour progresser et réussir. J’en retiendrai, pour conclure, quatre :

1) Ne cédez pas à la solution de facilité, en allant consulter des corrigés sur Internet ou dans des Annales. En effet, ce procédé court-circuite complètement l’étape n°2 (« l’incubation ») et finit par rendre votre esprit paresseux, faute de l’entraîner à surmonter des difficultés. Cela finira par vous jouer des tours, à un moment ou à un autre de votre scolarité ou de vos études supérieures.

2) Ne cherchez pas d’excuses, si vous n’y arrivez pas, mais estimez-vous responsable à 100 % de ce que vous faites. Beaucoup d’élèves trouvent des excuses, pour ne pas se mesurer à la difficulté. Certains affirment qu’ils ne sont pas capables d’y arriver ou d’autres incriminent leurs professeurs, en disant qu’ils ont donné un sujet trop difficile !

Ce n’est pas en se trouvant des excuses que l’on progresse. Au contraire, en vous estimant à 100 % responsable de votre « échec » (sans bien sûr vous culpabiliser), vous pourrez modifier des facteurs qui sont en votre pouvoir, pour progresser. Par exemple, vous êtes trop impulsif et vous voulez trouver tout de suite la solution, à l’étape de l’incubation. Ou bien vous manquez de connaissances ou vous les avez oubliées et vous ne pouvez pas démarrer correctement l’étape de la préparation.

3) Jouez bien le jeu des devoirs à la maison. Faites bien la distinction dans votre manière d’aborder les devoirs en classe et ceux qui vous sont donnés à faire à la maison. Dans ce dernier cas, profitez-en pour faire jouer pleinement la période d’incubation. Autrement dit, ne faites pas votre devoir, la veille de le rendre, mais commencez-le à l’avance, afin que votre esprit y réfléchisse, sans que vous y pensiez.

4) Ces exercices sont une bonne école de la vie. Peu d’élèves voient le rapport entre ce qu’ils font au cours de leurs études et la vie réelle. « A quoi cela va-t-il me servir plus tard ? » se demandent-ils. Cependant, la vie nous met constamment face à des problèmes à résoudre. Par conséquent, même si vous n’aurez plus de dissertation de philosophie à faire, ni de problème de mathématique à résoudre, dans votre vie quotidienne, vous aurez acquis l’entraînement nécessaire, pour résoudre des problèmes en général. Bien sûr, les problèmes de la vie sont souvent plus compliqués, mais nous devons, pour les résoudre, également passer par les quatre étapes du processus créatif !

Pour ma part, j’aime beaucoup l’émotion de joie ressentie, lors du passage entre l’étape de l’incubation et celle de la résolution. J’ai aussi appris, au cours du temps, à faire de plus en plus confiance en mon « intuition » et à me dire que, même si c’est le brouillard complet, aujourd’hui, je finirai par trouver la solution à ce que je recherche, le lendemain ou le surlendemain. Et, en général, c’est bien ce qui arrive !

Et vous ? Quelles sont vos expériences des quatre étapes du processus créatif ?

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