J’utilise des techniques de PNL (Programmation Neuro-Linguistique), pour me motiver, lorsque je dois corriger mes paquets de copies (notamment pour le baccalauréat). Ces techniques me permettent aussi d’accélérer considérablement le rythme de correction. Avant de vous en parler dans un prochain article, je vous propose ici une présentation de la PNL. Cette présentation repose sur ma propre expérience, issue de stages de formation que j’ai effectués en 2010-2012, ainsi que sur la lecture de différents ouvrages sur le sujet.
Les présupposés humanistes de la PNL
La PNL propose un ensemble de connaissances et de techniques permettant à chacun d’atteindre plus facilement ses objectifs, de mieux gérer ses émotions et de mieux communiquer avec les autres.
Comme toute théorie, la PNL repose sur des présupposés, qui n’ont pas valeur de vérités absolues, mais qui sont remarquables, par leur côté à la fois humanistes (ils proposent une vision positive de l’homme) et réalistes (ils nous font prendre conscience de nos fausses croyances).
Voici quels sont ces principaux présupposés :
a) Nous avons tous en nous des ressources, des capacités pour réussir les objectifs que nous nous fixons. En effet, nous avons déjà au moins réussi une fois dans un domaine. La PNL nous apprend à retrouver ces ressources, à les remobiliser, pour réussir à nouveau.
b) Nous pouvons aussi apprendre à faire ce que d’autres réussissent. Pour cela, il faut savoir exactement comment ils s’y prennent. La PNL nous apprend à modéliser ces personnes, c’est-à-dire à appliquer les mêmes stratégies, tout en nous associant aux mêmes états émotionnels et aux même croyances qu’elles.
c) La PNL part du principe que tous les comportements que nous adoptons sont « bons », au sens où ils ont une raison. Par exemple, quelqu’un peut fumer, parce que cela le relaxe. Mais elle nous apprend à les remplacer par des comportements meilleurs : le bénéfice apporté par l’ancien comportement est gardé, mais sans ses inconvénients. Par exemple, l’individu qui fume apprend comment il peut se relaxer par d’autres moyens.
d) De même, elle nous apprend à gérer nos états émotionnels, c’est-à-dire à savoir dans quelles situations il nous sera avantageux de les ressentir et dans quelles autres situations il nous faudra les mettre en sourdine. Par exemple, la colère peut être une réaction exagérée, dans certaines situations, mais nécessaire dans d’autres, pour se faire entendre.
C’est ce que j’appelle des principes humanistes, au sens où ils montrent une vision « noble » de l’être humain.
Mais, en même temps, la PNL s’appuie sur des principes réalistes :
e) « La carte n’est pas le territoire ». C’est par cette formule, d’A. Korzybski, que nous pouvons résumer ce principe. Nous percevons la réalité qui nous entoure à travers des filtres (nos croyances, nos valeurs…). Ainsi, nos réactions émotionnelles ne se font pas par rapport à la réalité, mais par rapport à notre interprétation de la réalité. Ce principe rejoint le principe de la philosophie stoïcienne, selon lequel ce n’est pas la réalité qui nous blesse, mais le jugement que nous portons sur elle.
De même, nous croyons à tort que les autres voient la même réalité que nous, alors qu’ils ont leur propre carte du monde ! En prenant conscience de ces deux faits, nous pouvons changer nos réactions émotionnelles et mieux communiquer avec les autres, en essayant d’entrer dans leur carte du monde, au lieu de les écouter avec la nôtre.
f) La PNL ne nous enferme pas dans des continuels « pourquoi ? » Elle privilégie la question « comment », qui est au contraire, pleine de ressources. Ainsi, au lieux de nous demander « pourquoi cela ne marche pas ? », il est beaucoup plus constructif et efficace de nous demander « comment faire pour que cela marche ? »
Les techniques de la PNL
La PNL se caractérise aussi par un ensemble de techniques, dont le but général est de « reprogrammer » notre cerveau. Cet aspect de la PNL peut susciter une certaine méfiance, car il peut faire penser que la PNL est un outil de manipulation. Au contraire, c’est un outil de libération, car notre cerveau est continuellement conditionné par les circonstances extérieures et par les autres. Par conséquent, autant le « programmer » nous-mêmes, dans le sens que nous désirons.
Ainsi, je conçois plutôt le terme « programme », comme un programme de concert, qui m’annonce les morceaux qui vont être joués et que j’ai choisi d’aller écouter. De même ici, le programme est la façon dont je souhaite que la suite des événements se déroule et surtout de quelle façon je veux les considérer.
Cette programmation repose notamment sur un processus appelé « ancrage ». De même que l’ancre d’un bateau s’accroche aux fonds marins, de même des émotions s’accrochent à nos images de la réalité. Par exemple, nous pouvons associer la vue d’une araignée à la peur. Les publicitaires tirent parti de ce mode de fonctionnement pour nous faire acheter leurs produits. Ils associent une émotion à un produit et suscitent ainsi l’envie d’acheter le produit, pour retrouver cette émotion.
Le cerveau est une machine extraordinaire, mais je dirai aussi qu’il est un peu stupide. La PNL dispose en effet de techniques, pour le « leurrer ». Elles permettent ainsi de dissocier une émotion d’une image de la réalité et de remplacer cette émotion par un autre, positive ou du moins neutre. Prenons un exemple, « au hasard » : la PNL permet de dissocier la pensée du paquet de copies du manque d’envie de le corriger !
Ce qu’il y a d’extraordinaire, à mon sens, c’est que ces techniques reposent sur des visualisations mentales (souvent associées à d’autres données sensorielles) et non sur des injonctions verbales (« il faut que je… »), qui restent, la plupart du temps, sans effet.
La PNL permet de mieux communiquer avec nous-mêmes et avec les autres
La PNL propose des outils pour analyser la manière dont nous nous parlons ou dont les autres nous parlent.
Ainsi, certaines personnes sont plutôt visuelles, alors que d’autres sont plutôt auditives. Notre façon de parler le montre : par exemple, quelqu’un de visuel utilisera des métaphores, comme « je vois que », « la situation est claire ». Inversement, une personne visuelle sera davantage intéressée par ce que nous lui disons, si nous utilisons son mode privilégié de perception de la réalité.
De même, nous avons tous des schémas de fonctionnement (appelés « métaprogrammes ») qui nous sont propres. Repérer ces schémas chez les autres et chez nous-même permet de faciliter la communication. En effet, ces métaprogrammes peuvent être des sources de mésentente, ou de conflits, mais peuvent aussi devenir des capacités complémetaires. Par exemple, certaines personnes sont « globales » : elles aiment aller à l’essentiel et donc s’expriment de manière synthétique. Au contraire, d’autres sont « spécifiques » : elles aiment aller dans le détail des choses, raconter par le « menu morceau ». Je vous laisse imaginer les interactions qu’il peut y avoir entre les deux. La personne « globale » se lasse très vite du bavardage sans fin de la personne « spécifique », alors que cette dernière se sentira frustrée du peu d’informations et de détails que lui donnera la personne « globale ». Cependant, beaucoup de métiers peuvent tirer profit de la complémentarité entre une vision globale des choses et une vision spécifique !
Comment pouvons-nous concrètement utiliser la PNL, dans notre domaine ?
Dans un prochain article, je vous parlerai des techniques que j’utilise pour corriger mes copies et que vous pouvez vous-mêmes appliquer.
De même, un article consacré à la connaissance de certains métaprogrammes me semble intéressant, pour l’enseignement : par exemple, si un élève est « global », comment faire en sorte qu’il arrive à développer suffisamment sa pensée et son argumentation, dans une dissertation ? Plus généralement, quels sont les métaprogrammes requis, pour faire une bonne dissertation ou une bonne explication de texte ? A l’inverse, nos propres métaprogrammes ne nous influencent-ils pas, dans la correction des copies ?
Je réfléchis activement à d’autres utilisations possibles de la PNL ! Toutes vos questions ou toutes vos suggestions sont les bienvenues !