Nous avons tous tendance à remettre à plus tard ce que nous n’avons pas envie de faire, sur le moment. Quand cette tendance devient une habitude, on la désigne du nom de « procrastination » (du latin « crastinus » qui signifie « le lendemain »).
Ce terme a une consonance désagréable à l’oreille, qui illustre bien, selon moi, les conséquences négatives de l’habitude qu’il désigne. En effet, procrastiner est vraiment un très mauvais calcul et je vais vous montrer pourquoi, dans cet article.
Je préconise, au contraire, de faire le plus tôt possible ce que nous n’avons pas envie de faire, pour justement en être débarrassé, le plus vite possible !
Pourquoi repoussons-nous à plus tard ce que nous devons faire ?
La procrastination est une incapacité à engager une décision dans l’action. Cette incapacité peut s’expliquer par deux raisons principales.
1. L’absence de motivation, non compensée par la présence de contraintes.
L’absence de contraintes extérieures, le fait qu’il n’y ait pas urgence et que « nous avons le temps », fait que notre décision en reste au stade d’une simple velléité (autrement, une volonté qui reste très faible). Cette situation vaut notamment pour les tâches qui ne nous motivent pas.
Notre manque de motivation est renforcée par la croyance selon laquelle ne pas faire l’action nous coûte moins (en temps et en énergie) que la faire. Et quand la balance finit par s’inverser, parce que ce qui n’était pas urgent jusque là le devient, alors nous nous retrouvons au pied du mur et nous passons finalement à l’action, poussés par cette contrainte.
2. La peur de l’échec ou l’excès de perfectionnisme
Mais il existe une autre sorte de procrastination qui s’explique par la peur de l’échec ou l’excès de perfectionnisme. Repousser toujours à plus tard la tâche à faire est un moyen sûr d’éviter l’échec ! De même, le désir de trop bien faire nous pousse à toujours remettre à plus tard la finalisation de notre projet : nous voulons nous laisser encore un peu de temps, pour être sûr d’avoir bien réfléchi, avant de prendre une décision.
Mais là encore, lorsque, poussés par l’urgence, nous devons réaliser cette tâche, alors nous nous y mettons, souvent en la bâclant.
Or, est-il vraiment bénéfique pour nous (et les autres) de procrastiner et d’agir dans l’urgence ?
Repousser toujours à plus tard, c’est faire un très mauvais calcul
Quand nous décidons de ne pas faire une tâche et de la remettre à plus tard, nous nous sentons comme libérés d’un poids. Cependant, nous n’avons pas alors conscience que repousser sans cesse revient à accumuler un poids psychologique, à encombrer notre pensée par l’idée de cette tâche à faire.
De plus, si cette tendance est vraiment forte chez nous, ce n’est pas une seule tâche à faire que nous remettons à plus tard, mais souvent plusieurs à la fois ! Nous accumulons alors des tâches non faites – mais que nous devrons bien faire un jour !- et nous nous retrouvons avec le sentiment d’être complètement débordés !
Or, plus nous sommes débordés et moins nous savons comment nous en sortir. La procrastination finit par se nourrir d’elle-même et par nous faire tomber dans un cercle.
Comment éviter la procrastination ou quels remèdes lui apporter ?
Voici une série de conseils qui vous aideront à ne pas céder à la tentation de trop procrastiner ou même à vous libérer de cette fâcheuse habitude.
1. Court-circuitez votre dialogue intérieur
Cette stratégie est idéale pour faire les tâches qui ne nous motivent pas vraiment, mais qui sont rapides à réaliser. Au lieu de vous dire : « je le ferai plus tard », faites ce que vous avez à faire ! En effet, le dire, au lieu de le faire, vous prend presque autant de temps !
Exemples :
1) quand je reçois une facture à payer, mon action suivante n’est pas de la poser dans un coin, mais de prendre une enveloppe et un timbre et d’y glisser le formulaire de paiement.
2) L’autre jour, à la pose de 9 heures, des élèves m’ont rendu une synthèse d’ECJS (Education Civique Juridique et Sociale), un peu en retard. Au lieu de la mettre dans une pochette, je l’ai corrigée pendant la pose et je l’ai rendue tout de suite après aux élèves concernés.
Vous voyez que ces deux stratégies m’évitent d’avoir à repenser à ce que j’ai à faire, et surtout elles m’évitent de finir par oublier ce qu’il faut faire !
2. Visualisez mentalement l’action que vous avez à faire
J’ai montré, dans un article précédent, comment la visualisation mentale était un puissant catalyseur de l’action. Je l’utilise souvent, car c’est ce que j’ai trouvé de mieux comme stratégie, lorsque j’ai à faire quelque chose, mais que je manque de motivation.
3. Limitez votre action dans le temps
Limitez la réalisation de votre action, dans le temps, grâce à la technique Pomodoro. Vous vous donnez un laps de temps déterminé, pour faire une tâche, autrement dit, vous n’autorisez pas cette tâche à vous « manger » plus de temps.
Restez quand même réaliste sur le temps que vous vous donnez et prévoyez une marge !
4. Autorisez-vous à faire l’action en plusieurs étapes
Des études montrent qu’il est souvent plus long d’achever une tâche en plusieurs fois, que de la terminer en une seule, car nous perdons du temps à nous remettre « dans le bain ». Cependant, l’ampleur de la tâche à faire peut nous démotiver, au point de la repousser sans cesse. La diviser en plusieurs étapes clairement définies et planifiées sur plusieurs jours nous permet alors de la finaliser, sans stresser.
Exemple : c’est ainsi que je procède pour l’écriture des articles de ce site. Malgré ma très forte motivation je suis arrêtée par l’ampleur de la tâche, si je dois la faire en une seule fois. Des tâches comme la correction de copies ou la rédaction de « devoirs maison » se prêtent aussi très bien à cette stratégie.
5. Allégez le poids de l’urgent, en anticipant
Si vous procrastinez, parce que vous vous sentez débordé et ne savez pas par quel bout commencer, alors je vous conseille d’anticiper ce que vous avez à faire, avant que cela devienne urgent. Dans un précédent article, Sachez distinguez l’important de l’urgent , je vous montre tous les avantages que vous aurez à vous débarrasser le plus vite possible du « non important, non urgent ».
6. Trouvez un compromis
Si vraiment vous avez du mal à vous y mettre tout de suite, alors accordez-vous un délai, de sorte à contenter à la fois votre tendance à procrastiner et votre petite voix intérieure qui vous ordonne de passer à l’action !
Exemple : il m’arrive de procrastiner, quand il s’agit de corriger des copies. Seulement comme je me fixe comme règle absolue de rendre les copies dans un délai d’une semaine , je ne repousse ma correction que de deux ou trois jours. Au bout de ce délai, je sens que mon envie de me mettre à corriger l’emporte sur mon envie de procrastiner.
7. Prenez conscience du fait que le plus difficile n’est pas de faire quelque chose, mais de s’y mettre
Il n’y a pas que les objets matériels qui ont tendance à persévérer dans l’état (repos ou mouvement) où ils se trouvent, comme nous l’enseigne la Physique, avec le principe d’inertie. En effet, l’esprit humain est aussi très sujet à l’inertie : nous avons du mal à nous mettre à faire une nouvelle tâche, comme d’ailleurs nous avons du mal à cesser de la faire quand le moment est venu !
Or, vous avez souvent remarqué que, une fois que nous sommes « dans l’action », nos réticences s’en vont. Par conséquent, « forcez-vous » à engager l’action !
8. Dites-vous que votre peur de mal faire ou de l’échec est souvent exagérée
Bien souvent, nous avons tendance à exagérer les conséquences négatives d’une action. Cette tendance a été héritée de nos lointains ancêtres, qui devaient, pour leur survie, se soucier du lendemain, anticiper les dangers potentiels, etc. Mais, dans notre société actuelle, ce pessimisme est moins nécessaire et peut même nous jouer des tours, dans la réussite de nos projets.
Et même si l’action que vous entreprenez se solde par un échec, dites-vous qu’en réalité, il s’agit d’un « retour d’expérience » (ou « feed-back »), qui va vous permettre de modifier votre stratégie. En effet, ce n’est pas en différant sans cesse l’action que vous saurez comment la faire ! Par contre, l’expérience vous montrera exactement ce qui n’a pas fonctionné.
Comment vous organiser, pour ne pas vous sentir débordé(e) ?
Faites ce qui est « non important, non urgent », le plus tôt possible, par exemple, en vous réservant, sur votre agenda, 1 heure par semaine, uniquement consacrée à cette tâche.
En procédant ainsi, l’avantage sera double :
– vous ne vous sentirez plus « débordés », dans les périodes où les tâches à faire s’accumulent (par exemple, les fins de trimestre);
– vous dégagerez du temps, pour planifier ce qui est vraiment important pour vous et que vous repoussez toujours à plus tard, parce que vous courez toujours après l’urgence !
Conclusion
J’espère que ces différents conseils vous seront utiles : appliquez-les immédiatement ! Cependant, ne culpabilisez pas si, par moments, vous relâchez vos efforts. Nous ne sommes pas des robots et si vous arrivez déjà à lutter contre la procrastination 80% de votre temps, cela sera déjà fantastique !
L’important n’est pas d’être seulement « décidé à … », mais fermement résolu. Si quelqu’un vous fait une promesse et ne la tient pas, vous serez déçu. Cela est d’autant plus vrai, en ce qui vous concerne : ne vous promettez pas des choses que vous ne tenez pas ! Au contraire, être résolu à faire quelque chose et terminer la tâche prévue est une bonne habitude à avoir pour conserver le moral, ainsi que l’estime de vous-même.
Et vous, avez-vous tendance à procrastinez ? Savez-vous pourquoi et quelles sont vos solutions ?