Si vous comptez les différentes connaissances que vous prenez en note, au cours de votre journée d’élève ou d’étudiant, celles-ci doivent se chiffrer à plusieurs centaines ! Prendre des notes en cours est rassurant, mais ensuite que faites-vous de toutes ces connaissances écrites dans vos cahiers ou dans vos classeurs ? Toute connaissance notée quelque part, mais non mémorisée est inutile !
De même, si vous ne révisez que la veille d’un contrôle, alors vous adoptez une très mauvaise méthode, car la majeure partie de ce que vous avez appris sera oublié, dès le lendemain du contrôle. Dans cet article, je vous donne des techniques et des conseils, pour mémoriser durablement des connaissances, que ce soit en philosophie ou dans d’autres matières. Ne vous attendez pas à des solutions miracles, comme le font miroiter certains sites : la clef d’une solide mémorisation est la répétition, la répétition, la répétition ….
Quelques mécanismes fondamentaux de la mémoire
Pour bien comprendre qu’il n’existe pas de recettes miracles, en matière de mémorisation, il est tout d’abord indispensable de savoir comment se construit la mémoire à long terme.
Notre cerveau : petite carte d’identité
Notre cerveau pèse à peu près 1,5 kg et contient environ 100 milliards de neurones. Bien qu’il ne représente que 2% du poids total de notre corps, il consomme à lui seul entre 20 et 25% de la consommation totale de glucose et d’oxygène.
Que nous apprennent ces chiffres ? Tout d’abord que la mémorisation est sûrement liée à la formation de connexions stables entre neurones. Ensuite, que notre cerveau a besoin d’être bien « nourri », pour bien fonctionner ! Autrement dit, nos performances en matière de mémorisation dépendent d’une bonne hygiène de vie : alimentation équilibrée, sommeil suffisant, activités sportives. Par contre, la cigarette, l’alcool ou autres substances et médicaments, censés doper les performances du cerveau, endommagent en réalité les connexions entre neurones.
Comment la mémoire à long terme se construit-elle ?
Certaines informations nous sont utiles pour une durée limitée, comme par exemple, la liste de nos courses. Par contre, l’apprentissage scolaire et universitaire repose essentiellement sur la mémoire à long terme. Or, des expériences de psychologie ont montré que celle-ci ne peut se construire que par le moyen de répétitions actives du contenu de l’information.
En effet, il est probable que l’apprentissage de connaissances crée des connexions entre neurones et que leur répétition consolide ces connexions. Si vous ne réactivez pas consciemment ces connaissances, les connexions ne sont plus réactivées et finissent par se défaire. A l’inverse, au bout d’un certain nombre de répétitions, les connexions seront stabilisées et les connaissances durablement fixées dans la mémoire.
Qu’est-ce qu’une bonne mémorisation ?
Avoir une bonne mémoire consiste :
– (1) à conserver effectivement « en mémoire » ce que nous avons appris,
– (2) à retrouver l’information mémorisée, quand nous en avons besoin.
(1) Il vous faut donc faire en sorte de bien ancrer les connaissances, dans votre mémoire, pour que vous ne les oubliez pas. Ne vous est-il jamais arrivé d’ouvrir un livre de votre bibliothèque, en ayant la certitude que vous ne l’aviez jamais lu et d’y trouvez des annotations écrites de votre main ? Vous avez là un bon exemple d’informations qui se sont volatilisées de votre mémoire !
(2) Cependant, le premier critère ne suffit pas, car il vous faut aussi être capable de réactiver vos connaissances au bon moment : lors d’un devoir en classe ou bien lors d’une conversation dans une langue étrangère. Par exemple, il vous est sûrement déjà arrivé de sortir d’un devoir et de vous rappeler soudain d’une connaissance que vous avez oublié de mettre. Vous avez là un bon exemple de connaissance que vous n’avez pas oublié, mais que vous n’avez pas su réactiver au bon moment !
Que faire, pour bien mémoriser ce que vous apprenez ?
1) Faites en sorte que vos connaissances soient facilement révisables
Puisque la clef d’une bonne mémorisation est la répétition, il faut que la révision de vos connaissances soit facile à mettre en oeuvre. Tenez vos cahiers ou vos classeurs à jour et en ordre ! Faites des fiches que vous pouvez prendre dans votre poche, pour réviser à vos moments « perdus » : en attendant les transports en commun, en faisant la queue dans une file.
2) Interrogez-vous activement
Une relecture fréquente de vos cours ou de vos fiches ne suffit pas : il vous faut faire l’effort de rechercher, dans votre mémoire les connaissances apprises. Pour cela :
– Faites des fiches qui résument vos cours, avec deux colonnes. Dans celle de gauche, écrivez une question et dans celle de droite, la réponse. Ce système est notamment très pratique pour réviser des listes de vocabulaire de vos cours de langue. Cachez une colonne avec une feuille et interrogez-vous. Cachez alternativement soit la colonne des mots, en français, soit la colonne des mots, dans la langue étrangère. Progressez dans la liste de haut en bas, et de bas en haut.
– Si vous ne voulez pas faire de fiches, mais travailler directement sur votre cours, notez alors les questions dans la marge. Vous pouvez consulter un extrait de mon Cours-réviseur de Philosophie, pour vous donner une idée de cette méthode.
Mon conseil : Si l’idée à retrouver ne vous revient vraiment pas, ne lisez pas directement la réponse, mais faites apparaître le début de la phrase ou du mot. Très souvent, le cerveau complète de lui-même l’information manquante !
3) Adoptez la bonne fréquence de révision
Il ne sert à pratiquement à rien de réviser seulement la veille d’un devoir, car les connaissances mémorisées finiront par s’envoler et il vous restera tout à refaire, pour les révisions du Baccalauréat.
L’idéal est que vous trouviez la bonne fréquence : si vous révisez trop souvent, vous perdrez votre temps ; inversement si vous laissez trop de temps entre chaque réactivation, la connaissance s’effacera et il vous faudra pratiquement tout recommencer à zéro. Mais en pratique, à quoi correspond cette fréquence idéale ?
Certains spécialistes de la mémoire (dont Tony Buzan l’un des concepteurs de la carte heuristique) conseillent de réviser une connaissance 24 h après l’avoir apprise, puis d’espacer les révisions selon ce rythme : 1 semaine, 1 mois, 3 mois et 6 mois après l’avoir apprise. A ce dernier stade, la connaissance devrait être fixée dans votre mémoire, pour un certain bout de temps !
Bien évidemment, la difficulté de ce procédé est que vous devez continuellement jongler avec les révisions des anciennes connaissances et l’apprentissage des nouvelles !
En ce qui me concerne, je vous conseille de procéder de manière plus empirique : révisez souvent une connaissance, jusqu’à ce que vous sentiez que vous arrivez à la retrouver dans votre mémoire, de plus en plus facilement. Espacez alors les révisions.
De plus, vous vous apercevrez que certaines connaissances sont plus facilement mémorisées que d’autres : révisez-les alors moins souvent, pour vous concentrer sur celles qui sont plus « récalcitrantes ».
4) Sachez que l’oubli est une étape normale de la mémorisation !
L’oubli et la confusion entre connaissances sont des étapes normales que vous devrez franchir, pour en arriver à une mémorisation à long terme de vos connaissances. En effet, si vous ne réactivez pas assez tôt une connaissance, elle aura tendance à « s’effacer » de votre mémoire. Mais, fort heureusement, chaque réactivation renforce les connexions entre neurones et fait en sorte de conserver encore plus longtemps la connaissance dans votre mémoire. Si vous avez la patience de persévérer, alors il arrivera un moment où la connaissance sera ancrée durablement, dans votre mémoire.
De même, il est normal que vous fassiez, dans un premier temps, des confusions entre connaissances, parce que les voies neuronales de chacune ne sont pas assez consolidées. Là encore, reprenez calmement la mémorisation de vos connaissances et la confusion finira par disparaître.
5) Quelques « trucs » toujours utiles…
Pour soulager votre travail de mémorisation, pensez à mettre en pratique quelques procédés mnémotechniques :
– les noms qui se ressemblent : il y a quelques mois, j’ai voulu retenir les noms de deux chercheurs qui m’étaient jusqu’alors inconnus : F. Dretske et Ruth Millikan. J’ai associé le nom de « Dretske » à la ville de Dresde et j’ai relevé que Ruth Millikan avait le même nom de famille que celui du chercheur en physique.
L’agglomération de mots : vous connaissez sûrement déjà cette technique par le célèbre « maisoùestdoncornicar ». Fabriquez vos propres chaînes de termes. Par exemple, si vous faites de l’Allemand, vous pouvez agglomérer les prépositions qui régissent le datif de la manière suivante : « Ausbeimitnachseitvonzu ». Pour l’anecdote, j’ai inventé cette chaîne, lorsque que j’étais en Classes Préparatoires et je m’en souviens encore … plus de 25 ans après !
Conclusion
La difficulté pour bien mémoriser consiste dans la persévérance. Le système éducatif ne nous habitue pas à réviser de manière efficace, mais nous pousse plutôt à « bachoter ». A mon avis, il vaudrait mieux être moins ambitieux sur la quantité de connaissances à faire apprendre aux élèves, afin qu’ils retiennent bien ce qu’ils ont appris. Au final, cette solution leur permettrait d’en apprendre plus que la méthode usuelle !
Ainsi, le principe des principes pour bien mémoriser est le suivant : Pensez à réviser !
Et vous, comment vous y prenez-vous pour révisez ? Adoptez-vous une méthode efficace ? Faites-nous part de vos idées !