L’explication d’un texte philosophique est un exercice que vous pouvez choisir à l’épreuve écrite de philosophie au baccalauréat. Pour les modalités générales de cet exercice, je vous renvoie à la page l’explication de texte en philosophie
Comme pour la dissertation, je vous conseille fortement de faire un travail préparatoire, avant de vous lancer dans la rédaction au propre de votre explication. Ce sont les différentes étapes du travail préparatoire que nous allons voir ensemble, dans la série de tutoriels que je vous propose, ces prochaines semaines. Dans ce premier tutoriel, je vous montre pourquoi et comment dégager le plan du texte que vous avez à expliquer.
Pourquoi dégager le plan du texte ?
Il y a deux bonnes raisons de le faire :
1) Dégager le plan du texte vous aide à comprendre comment la réflexion de l’auteur progresse et sur quelles idées elle s’articule. Elle vous permet donc une approche globale, synthétique du texte. Par contre, l’explication focalisera votre attention sur chacune de ses idées. Or, ces dernières tirent leur sens de la globalité du texte. Ainsi, il est important d’avoir toujours à l’esprit la progression générale du passage, quand vous en expliquez les idées.
2) Dégager le plan texte vous permet de construire le plan de votre propre explication. En effet, les parties de votre développement correspondent tout simplement aux parties du texte ! Vous avez à faire une explication linéaire des idées du texte et vous n’avez donc pas besoin d’inventer un plan.
En quoi cela consiste-t-il ?
Délimitez le début et la fin de chaque partie (en utilisant de préférence des mots du texte et non le numéro des lignes). Puis, résumez l’idée de chaque partie en une phrase. Il est important également de bien relier ces phrases par des articulations (comme « or », « mais », « donc »,etc.), qui montrent bien comment la réflexion de l’auteur progresse. En moyenne, le nombre de parties de trois.
Comment procéder pour dégager le plan du texte ?
Lisez tout d’abord le texte plusieurs fois. Puis, un crayon papier à la main, repérez les différentes articulations présentes dans le texte. Repérez également l’introduction d’idées ou de termes radicalement nouveaux, par rapport à ce qui précède. Ces deux éléments marquent souvent le début d’une nouvelle partie.
Puis, résumez le passage, en étant le plus synthétique possible. Ne vous contentez pas de recopier des phrases du texte, car cela ne fait jamais bonne impression sur le correcteur.
Exemple d’application
Texte d’Aristote (extrait de La Politique I,2)
« Il est évident que l’homme est un animal politique, bien plus que n’importe quelle abeille ou n’importe quel animal grégaire. Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en vain. Et seul parmi les animaux, l’homme est doué de parole. Certes la voix sert à signifier la douleur et le plaisir et c’est pourquoi on la rencontre chez les autres animaux (car leur nature s’est hissée jusqu’à la faculté de percevoir douleur et plaisir et de se signifier mutuellement). Mais la parole existe en vue de manifester l’utile et le nuisible, puis aussi, par voie de conséquence, le juste et l’injuste. C’est ce qui fait qu’il n’y a qu’une chose qui soit propre aux hommes et les sépare des autres animaux : la perception du bien et du mal, du juste et de l’injuste et autres notions de ce genre ; et avoir de telles notions en commun, voilà ce qui fait une famille et une cité. » |
Etape 1 : je repère les articulations du texte.
– « car » : explication de l’idée précédente;
– « certes » : exprime une concession, par rapport à ce qui vient d’être affirmé ;
– « Mais » : marque une opposition forte;
– « C’est ce qui fait que » : marque une relation de cause à conséquence.
Etape 2 : je délimite chaque passage.
1) » Il est évident … doué de parole. » (cette première partie s’arrête, avant le « certes » qui va développer la concession)
2) « Certes … le juste et l’injuste. » (cette deuxième partie développe la concession et y répond)
3) « C’est ce qui fait … une cité. » (il ne reste plus que la dernière phrase !)
Etape 3 : je résume l’idée de chaque partie.
1) L’homme est un animal fait pour vivre en société et la nature l’a doté, pour cela, de la parole.
2) Même si l’animal possède la voix pour signaler à ses congénères ce qui lui est agréable ou non, seul l’homme possède la parole pour exprimer aux autres l’utile, le juste et leurs contraires.
3) Et le fait de partager avec les autres ces notions, revient à constituer les familles et les cités.
Exercice d’entraînement
Vous pouvez faire cet exercice dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site). Un corrigé vous sera proposé dans le Tutoriel n°2 .
Exercice. Dégagez le plan du texte suivant (de Bergson) :
« Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun de nos mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix ; puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix. |
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