Pourquoi repérer les différents champs de réflexion ?
Il est tout d’abord indispensable de bien repérer les différents champs de réflexion, dans lesquels le sujet peut être traité. Ce travail a un double but :
1) éviter la copie unilatérale, qui laisserait au correcteur l’impression d’un travail non accompli (même si l’exhaustivité n’est pas demandée !)
2) vous permettre de faire l’analyse descriptive complète de la notion (ou du sujet), par laquelle doit toujours commencer votre introduction.
Les différents champs de réflexion possibles
Voici les principaux champs (ou domaines de réflexion) que vous pouvez rencontrer : scientifique, épistémologique, logique, métaphysique, politique, juridique, moral, sociologique, esthétique, théologique, historique, etc.
Certains vous sont familiers, car vous les avez déjà rencontrés, en Terminale. D’autres vous sont sûrement inconnus, ou très peu connus, du fait de leur plus grande abstraction :
– la métaphysique a pour objet d’étude ce qui n’a pas de réalité matérielle, et par conséquent ce qui n’est pas perceptible par nos sens. Il peut s’agir soit de réalités spirituelles (Dieu, l’âme), soit de ce qui constitue l’essence des choses, par opposition à leur apparence. Ainsi, le concept de « substance » d’une chose renvoie à une réalité métaphysique, dans la mesure où la substance serait ce qui servirait de « support » aux différentes propriétés d’une chose (nommées « les accidents »).
– la logique : a pour objet d’étude la forme de la pensée, du raisonnement, indépendamment de tout contenu matériel. C’est pour cela que ses « objets » sont désignés par des lettres. Par exemple, « A implique B ». Ainsi, les concepts d' »identité », de « contradiction » peuvent être traités sous leur aspect logique.
– la théologie a pour objet Dieu, tel qu’il est conçu dans différentes religions, notamment dans son rapport à sa création (en particulier les hommes). Ainsi, les concepts de « mal », de « grâce », de « liberté » peuvent être traités sous leur aspect théologique.
Exemples des champs de réflexion du sujet : « la force »
On parle de « force « :
– en physique : les trois lois fondamentales de la mécanique newtonienne portent sur le concept de « force ».
– en métaphysique : on ne peut pas faire l’expérience, par des données sensorielles, de la force elle-même, mais seulement de ses effets. Par exemple, la force de gravitation se déduit du fait que nous observons les objet tomber vers le bas ou la Lune tourner autour de la Terre.
– dans le domaine juridique, politique et moral : la question de l’usage légitime de la force (on parle ainsi de « forces de l’ordre ») par le droit se pose. En effet, user de la force, c’est chercher à faire céder la volonté de quelqu’un : c’est donc aller à l’encontre de sa liberté et de sa dignité morale.
– en biologie : on parle de la force musculaire, force qui nous permet d’exercer des actions sur le monde extérieur.
– en esthétique : on parle des lignes de force d’un tableau, lignes sur lesquelles reposent sa composition et qui focalisent l’attention du spectateur sur une partie précise de l’oeuvre.
Exercice proposé
Trouvez les différents champs dans lesquels les concepts suivants opèrent :
a) La spéculation
b) L’ordre
c) La résolution
Vous pouvez m’envoyer vos idées dans la zone des commentaires ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que vos réponses apparaissent sur le site. Bon travail !
Un corrigé des exercices sera proposé, dans le tutoriel n°3
Dans le prochain tutoriel (n°3), nous commencerons à nous exercer sur la définition des termes du sujet, en commençant par apprendre à bien faire la distinction entre une notion à définir et une autre, dont le sens est proche.
Corrigé des exercices du Tutoriel n°1
Exercice 1 : Solitude et société
« et » oppositionnel ? D’un point de vue extérieur, le terme « solitude » désigne le genre de vie d’un individu totalement coupé de la société des autres hommes. Mais, d’un point de vue intérieur, le terme « solitude » désigne un sentiment, celui de se sentir seul, au sein même d’une société.
« et » causal ? : La société est un ensemble d’individus, qui vivent sous des règles communes et qui partagent des valeurs et des buts communs, en même temps qu’ils cherchent à satisfaire leurs propres intérêts. Cependant, les relations sociales sont superficielles, parce qu’elles reposent sur l’intérêt et l’utilité. Nous cherchons donc à forger avec les autres des liens plus humains, qui reposent sur les sentiments. En cas d’échec, nous ressentons un sentiment profond de solitude.
Inversement, l’individu craint la solitude, état dans lequel il se retrouve seul, face à lui-même. Il préfère alors se divertir, au sens pascalien du terme, en entretenant des liens sociaux, pour tromper sa solitude et son ennui.
« et » chronologique ? : chez les théoriciens du contrat social, comme Rousseau, l’Etat de Nature est considéré comme un état dans lequel chaque individu vit, isolé des autres, avant de former une société. Toutefois, dans l’Etat de Nature, l’individu ne ressent pas le sentiment de solitude, même s’il vit isolé, car nous avons vu que ce sentiment n’apparaît que par rapport à l’expérience d’un lien social insatisfaisant. Chez Rousseau c’est donc la société qui est chronologiquement antérieure au sentiment de solitude et non l’inverse.
Exercice 2 : L’imagination, est-ce la liberté de pensée ?
relation d’identité ? Le verbe « être » peut-il signifier, dans la question posée, un lien d’identité ? L’imagination et la liberté de pensée seraient alors la même chose, si bien que l’on pourrait aussi affirmer que « la liberté de pensée est l’imagination ». Or, penser consiste à faire usage de concepts, alors que l’imagination consiste à se représenter ou à produire des images.
Cependant, le terme « liberté » permettrait de faire le lien entre les deux : la pensée est un processus qui doit respecter des règles logiques (comme la non contradiction), alors que l’imagination s’affranchit de ces règles.
relation de condition ? De ce fait, l’usage de l’imagination permettrait à la pensée une certaine liberté. Par exemple, l’usage de l’imagination permet à la pensée scientifique de poser de nouvelles hypothèses et ainsi de bâtir de nouvelles théories, qu’elle devra ensuite vérifier de manière rationnelle.
Cependant, il existe des formes de pensée qui ne reposent pas sur l’usage de l’imagination, parce qu’elles portent sur des « objets », dont on ne peut pas avoir d’image (pensée métaphysique).
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