Tutoriel n°3 (dissertation /supérieur) : savoir distinguer un terme de ses synonymes

Une erreur que commettent beaucoup de candidats est d’appauvrir le sens des notions contenues dans le sujet, en se contentant de les identifier à des synonymes, au lieu d’en donner de véritables définitions.
Par contre, partir des synonymes des notions à définir peut être un bon moyen pour trouver les définitions de ces notions. Nous allons voir, dans ce tutoriel, comment vous devez vous y prendre.

Pourquoi distinguer un terme de ses synonymes ?

Comme l’étymologie du terme l’indique, « définir » consiste à délimiter, circonscrire. En effet, chaque terme de la langue a un sens qui lui est propre ; mais le langage courant, peu rigoureux, confond ceux dont le sens est proche. Par exemple, quand nous parlons, nous confondons désirer et vouloir, vrai et réel, alors que l’usage philosophique exige de distinguer ces termes.

Vous entraîner à distinguer un terme de ses synonymes est une bonne initiation à l’exercice de la définition. car cela vous permet de trouver les caractéristiques propres à chacun. Or, définir une chose, consiste justement à donner l’ensemble de ses caractéristiques, afin de répondre à la question : « qu’est-ce que … ?  »

Comment distinguer un terme de ses synonymes ?

Je vous propose, en guise d’exemples, des confusions faites, par les candidats, lors d’épreuves antérieures et relevées, dans les rapports des jurys.

Exemple 1 : « L’imagination est-elle une puissance incontrôlable ? »

Erreur fréquente relevée : L’adjectif incontrôlable a été arbitrairement assimilé à illimité et anarchique.

Exemple 2 : « La vie est-elle le théâtre de la cruauté ? »

Erreur relevée : La cruauté est confondue avec le mal , la violence.

Certes, il existe bien un rapport entre une notion et ses synonymes, mais ce lien ne justifie aucunement une identification entre les deux. En effet :

1) Le synonyme peut être plus général que la notion à définir.

Par exemple, le mal est plus général que la cruauté. En effet, le mal est le fait de porter atteinte à l’intégrité physique et morale d’autrui et donc de le faire souffrir. Cependant, le mal est seulement un moyen pour atteindre notre but ou bien la conséquence involontaire de notre action. Par contre, la cruauté consiste dans le désir même de faire souffrir. Elle n’est pas donc par un simple moyen, mais la fin même de notre action. Nous désirons faire souffrir autrui, pour le faire souffrir.

2) L’un des deux synonymes peut être un forme exagérée de l’autre.

Par exemple, quelque chose qui échappe à notre contrôle peut devenir illimité (ou dépasser du moins certaines limites) ou anarchique (au sens de ce qui n’a pas de structure ordonnée).

Cependant, les trois termes (incontrôlable, illimité et anarchique) renvoient chacun à des négations différentes.

Ce qui est incontrôlable désigne ce que l’on ne peut contrôler. Ce qui peut s’entendre en deux sens :
– ou bien il n’est pas possible de vérifier si une affirmation correspond à la réalité;
– ou bien il n’est pas possible d’exercer un pouvoir sur un événement ou un être humain , afin que son déroulement ou son comportement corresponde aux exigences de notre volonté.

Par contre, ce qui est illimité est, par définition, ce qui n’a pas de limites. Certes, l’illimité peut être incontrôlable, puisque nous ne pouvons pas l’enfermer dans des limites. Cependant, tout ce qui est illimité n’est pas nécessairement incontrôlable. Ainsi, en mathématiques, les ensembles infinis sont tout à fait pensables par la raison.

De même, ce qui est anarchique renvoie à une absence d’ordre et à un conflit entre des éléments d’un tout, comme une société. Par conséquent, ce qui est anarchique n’est pas facile à contrôler, car on a à faire à une pluralité de volontés qui poursuivent des buts différents et mêmes opposés. Cependant, l’histoire nous montre que les sociétés, désorganisées par l’anarchie, finissent souvent par tomber sous le contrôle de dictatures et donc par être sévèrement contrôlées.

Exercice proposé

Vous pouvez m’envoyer vos idées dans la zone des commentaires ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que vos réponses apparaissent sur le site. Bon travail !
Un corrigé des exercices sera proposé, dans le tutoriel n°4

Distinguez entre :
a) preuve et argument.
b) regret et remords.
c) principe et fondement.

Corrigé de l’exercice du tutoriel n°2

a) L’ordre est une notion que l’on utilise :
– en mathématiques : on parle de l’ordre des éléments d’un ensemble. Par exemple, dans l’ordre des entiers naturels 1 précède 2. Plus largement, l’ordre désigne la disposition de divers objets, dans un ensemble donné : on parle de l’ordre d’une pièce de la maison ou dans un dossier.
– pour parler de la société : l’ordre est la place qui convient à chacun et qui, souvent, repose sur une hiérarchie entre les membres de cette société.
– dans la sphère morale, politique : l’ordre désigne ici la décision d’une volonté qui l’impose à une autre et qui s’attend à ce qu’elle l’exécute, sous peine de sanction.

b) la résolution :
– sens mathématique : résoudre une équation consiste à en trouver les solutions;
– sens technique ou sens courant : il s’agit ici aussi de trouver une solution à un problème;
– autre sens courant : la résolution désigne une décision ferme.

c) la spéculation :
– sens courant : une spéculation est une hypothèse que l’on formule, sans preuves, sans fondements;
– sens financier : la spéculation consiste à acheter des produits boursiers et à parier sur la hausse de leur valeur, afin de les revendre avec profit;
– sens philosophique : la spéculation désigne un mode de pensée pure, qui ne repose pas sur les données de l’expérience.

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