Tutoriel n°2 (étude de texte/ Terminale STT-STI) : Comment trouver la thèse du texte philosophique ?

Dans l’étude de texte, proposé au baccalauréat technologique, la première question qui est posée aux candidats leur demande non seulement de dégager le plan du texte (cf. Tutoriel n°1), mais aussi de trouver sa thèse.

Dans ce tutoriel, je vous propose de voir ensemble en quoi consiste la thèse d’un texte, comment la dégager et comment la formuler. Un exemple d’application et un exercice d’entraînement vous sont ensuite proposés, pour illustrer les consignes et vous permettre de vous entraîner.

1. Qu’est-ce que la thèse du texte ?

La thèse est l’idée principale du texte.

Un texte de philosophie consiste dans une suite d’idées, que leur auteur a articulé entre elles, afin de produire une réflexion. Lorsque vous avez trouvé le plan du texte (cf. Tutoriel n°1), vous avez, en fait, déjà repéré ces différentes idées.

Dégager la thèse du texte consiste simplement à déterminer son idée principale, c’est-à-dire l’idée autour de laquelle s’articulent toutes les autres.

Ne confondez pas « thèse » et « thème » du texte.

Souvent les élèves confondent la thèse et le thème du texte. Le thème du texte est la notion (ou les notions) dont il est question , dans le passage qu’il vous est demandé d’étudier. Par exemple, vous pouvez avoir à étudier un texte qui traite de la liberté.

La thèse est une affirmation émise par l’auteur, à propos du thème du texte. Par exemple, un auteur peut montrer que la liberté n’existe pas. Ou bien , un autre auteur peut montrer que, pour être libres, il nous faut respecter telle ou telle condition.

Vous voyez donc qu’il est possible d’émettre plusieurs thèses – ou même des thèses contraires – sur un même thème, selon les auteurs ! Bien évidemment, dans le passage que vous aurez à étudier, son auteur n’en émettra qu’une seule !

2. Comment trouver la thèse du texte ?

Le plus difficile est de distinguer l’idée principale du texte, des autres idées (secondaires). Dans l’absolu, vous pourriez prendre n’importe quelle phrase du texte et dire : voilà ce que l’auteur à voulu montrer dans ce passage !

Comment faire la distinction entre la thèse du texte et ses autres idées ? Repérez, dans le texte, la phrase qui vous semble contenir la thèse. Puis, demandez-vous à quoi servent les autres phrases : servent-elles à illustrer la thèse, à l’expliquer ou à la démontrer (ou même à la contredire, si l’auteur se fait une objection ou répond à une objection) ?

Vérifiez ensuite si vos résultats sont cohérents avec le plan du texte, que vous avez dégagé à l’étape précédente.

3. Comment formuler la thèse du texte ?

Il est très maladroit de vous contenter de recopier la phrase qui vous semble contenir la thèse du texte. Le correcteur s’attend à ce que vous la « reformuliez », par vos propres mots. Bien entendu, il ne vous est pas interdit de reprendre tels quels des mots clefs, et en particulier, ceux qui correspondent aux notions que vous avez à étudier pendant l’année !

Souvent, la formulation de la thèse reprend l’énoncé d’une partie du plan que vous avez dégagé du texte.

4. Exemple d’application

Ne va jamais croire qu’un homme qui s’accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors s’appuie sur des bases fragiles. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu’à la fin. Tous les autres objets qui sont communément admirés sont des biens d’un jour. « Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire. Tout ce qui relève de la Fortune (1) est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens. En effet, ceux qui pensent que c’est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal se trompent. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. L’âme, en effet, est plus puissante que la Fortune. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C’est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur.
SENEQUE

(1) la Fortune : déesse personnifiant la chance, bonne ou mauvaise.

La thèse du texte se situe, selon moi, dans le passage surligné en jaune.
Rôle des autres idées :
– le passage qui précède la thèse fait une objection à une idée courante (« Ne va jamais croire … »);
– le passage qui suit la thèse donne des arguments en sa faveur : « En effet… » (répété deux fois).

Ma formulation de cette thèse : Il est tout à fait possible que des biens matériels nous procurent du plaisir, mais à la seule condition de ne pas en dépendre.

5. Exercice d’entraînement

Vous pouvez faire cet exercice dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site). Un corrigé vous sera proposé dans le Tutoriel n°3.

Trouvez la thèse du texte suivant :
J’ai numéroté les différentes phrases du texte, pour vous expliquer comment je trouve son plan, plus bas.

(1) La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres. (2) Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. (3) Un homme ne peut pas être légitimement contraint d’agir ou de s’abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela le rendrait plus heureux ou que, dans l’opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste. (4) Ce sont certes de bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s’il agit autrement. (5) La contrainte ne se justifie que lorsque la conduite dont on désire détourner cet homme risque de nuire à quelqu’un d’autre. (6) Le seul aspect de la conduite d’un individu qui soit du ressort de la société est celui qui concerne les autres. (7) Mais pour ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue. (8) Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l’individu est souverain.

John Stuart MILL

6. Corrigé de l’exercice du Tutoriel n°1

Avez-vous fait l’exercice du Tutoriel n°1 , avant de regarder sa solution ?

Plan du texte de J.S. Mill (proposé ci-dessus) :

A première vue, dégager le plan de ce texte n’est pas évident, car plusieurs solutions sont possibles et il faut aussi faire attention à différencier des parties, dont la longueur est à peu près égale entre elles.

Premier repérage :
– Les phrases (1) et (2) abordent le problème de la contrainte sur autrui pour deux raisons différentes : pour empêcher de nuire aux autres / pour son propre bien.
– Les phrases (3) et (4) développent sur le problème de la contrainte sur autrui, pour son propre bien.
– Les phrases (5) à (8) reprennent le balancement des phrases (1) et (2).

Plan proposé :
La communauté ne peut légitimement contraindre un individu que pour l’empêcher de nuire à autrui et non pour son propre intérêt (« La seule » … « suffisante »). En effet, en ce qui concerne ce qui est bon ou mauvais pour chacun, la communauté doit seulement donner des conseils ou faire des reproches (« Un homme … autrement »). Ainsi, la communauté a le droit de contraindre l’individu, si sa conduite est un danger pour les autres ; mais son droit de disposer de sa conduite est absolu, tant qu’elle ne concerne que lui. (« La contrainte … souverain »).

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