Tutoriel n°1 (étude de texte/Terminale STT-STI) : Dégagez les étapes de l’argumentation

L’étude de texte, à l’épreuve de philosophie du baccalauréat, pour les séries STT-STI, consiste à répondre à trois questions (cf. mon article de présentation générale). Dans ce tutoriel, je vous explique ce qu’il vous est demandé de faire, dans la première question : dégager les étapes de l’argumentation. Mes explication seront suivies d’un exemple d’application et d’un exercice à faire, pour vous entraîner.

Remarque : La première question vous demande aussi de dégager la thèse du texte, travail que nous aborderons, dans le Tutoriel n°2.

1. Que vous est-il demandé de faire ?

« Dégager les étapes de l’argumentation » revient à dégager le plan du texte, en mettant bien en valeur la manière dont la réflexion de l’auteur progresse. Autrement dit, il s’agit de bien délimiter les différentes parties du texte et de les résumer en une ou deux phrases maximum.

Attention : une erreur fréquemment commise consiste à raconter ce que contient le texte. Le résultat final se révèle être plus long que le texte donné ! Au contraire, vous devez être le plus synthétique possible ! Votre réponse doit faire une dizaine de lignes, pas davantage.

2. Comment procéder ?

Lisez plusieurs fois le texte

Faites plusieurs lecture du texte. Il est normal que vous ne le compreniez pas entièrement à une première lecture. Au cours de ces relectures, regardez si le texte contient des articulations (or, mais, donc, cependant, etc.,). Repérez aussi les idées ou les mots qui ont des points communs, ou au contraire, les idées ou les mots qui s’opposent.

Délimitez, sur le texte, ses différentes parties

Prenez un crayon papier et délimitez par des crochets les différentes parties du texte. En général, les textes qui vous sont donnés sont composés de trois parties. Mais, vous pouvez délimiter jusqu’à quatre parties. Veillez bien à ce que la longueur de chaque partie soit à peu près égale.

Comment sait-on que l’on passe à une nouvelle partie ? Une nouvelle partie correspond à une nouvelle étape dans la réflexion de l’auteur. Vous vous rendez compte qu’il introduit une nouvelle idée, par rapport à ce qui précède ou qu’il nuance ce qu’il vient de dire ou même s’y oppose.

Remarque : Les mots d’articulation contenus dans le texte peuvent commencer une nouvelle partie, mais ce n’est pas toujours le cas.

Résumez chaque partie en une ou deux phrases

Attention : le travail suivant est à faire sur votre brouillon et non directement sur votre copie !
Reprenez chaque partie du texte, une par une. Résumez-les en une ou deux phrases. Il s’agit ici de faire un travail de synthèse, de résumé. Les explications, les développements sont ici à proscrire (ce travail vous sera demandé, dans les deux autres questions).

Trouvez des mots d’articulation entre chaque résumé de partie

Il est maladroit d’enchaîner les étapes de votre plan par des expressions comme « dans une première partie l’auteur montre que… », « dans une deuxième partie, il montre que … ». En effet, vous ne montrez pas au correcteur que vous avez compris comment la réflexion progresse.

Remplacez ces expressions par des mots de liaison, qui montrent comment l’argumentation est construite. Vous pouvez vous inspirer des mots de liaison qui sont dans le texte, s’il en contient. Si ce n’est pas le cas, c’est à vous d’en trouver.

Rédigez votre « plan »

Attention : le travail suivant est à faire sur votre brouillon et non directement sur votre copie !
Rédigez ensuite votre « plan », en y insérant les délimitations de chaque partie du texte, selon le modèle proposé plus loin.
Relisez-le, en vous posant les questions suivantes : mes propos sont-ils bien clairs, pour le lecteur ? Ai-je bien articulé les différentes parties entre elles ?

Recopiez votre « plan », sur votre copie

Vous pouvez maintenant rédiger votre plan, sur votre copie. Veillez à ne pas oublier de mots et respecter bien l’orthographe !

3. Exemple d’application

Je vous propose un exemple d’application, sur un texte du philosophe latin Sénèque, qui a été donné, au baccalauréat 2010, aux Antilles.

Ne va jamais croire qu’un homme qui s’accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors s’appuie sur des bases fragiles. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu’à la fin. Tous les autres objets qui sont communément admirés sont des biens d’un jour. « Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire. Tout ce qui relève de la Fortune (1) est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens. En effet, ceux qui pensent que c’est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal se trompent. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. L’âme, en effet, est plus puissante que la Fortune. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C’est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur.
SENEQUE

(1) la Fortune : déesse personnifiant la chance, bonne ou mauvaise.

1) Je relis le texte plusieurs fois, en relevant les articulations et en examinant quelles idées vont ensemble et quelles idées s’opposent :

« Ne va jamais croire qu’un homme qui s’accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors s’appuie sur des bases fragiles. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu’à la fin. Tous les autres objets qui sont communément admirés sont des biens d’un jour. « Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire. Tout ce qui relève de la Fortune (1) est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens. En effet , ceux qui pensent que c’est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal se trompent. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. L’âme, en effet, est plus puissante que la Fortune. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C’est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur. »

2) Je délimite les parties, dans le texte

[Ne va jamais croire qu’un homme qui s’accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors s’appuie sur des bases fragiles. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu’à la fin. Tous les autres objets qui sont communément admirés sont des biens d’un jour.] [« Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire. Tout ce qui relève de la Fortune (1) est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens.][En effet, ceux qui pensent que c’est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal se trompent. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. L’âme, en effet, est plus puissante que la Fortune. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C’est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur.]

3) Je résume chaque partie

1ere partie : Seule la joie qui vient de nous-mêmes est durable, et non celle qui provient de la possession de biens matériels.
2e partie : Les biens matériels peuvent nous procurer du plaisir, mais à condition de ne pas en être dépendant, car ils relèvent de la Fortune.
3e partie : La Fortune nous enlève ou nous accorde des biens matériels, mais ne cause pas le bien ou le mal que nous ressentons alors. En effet, c’est notre âme qui en est responsable.

4) Je trouve des mots d’articulation, entre chaque partie

– Entre la première et la deuxième partie : La deuxième partie commence par une objection d’un lecteur imaginaire. Je peux inclure le terme « certes », dans la réponse, pour bien le montrer.

– Entre la deuxième et troisième partie : Sénèque donne une explication (« en effet »). Je peux donc reprendre ce terme.

5) Je rédige mon plan

Seule la joie qui vient de nous-mêmes est durable, et non celle qui provient de la possession de biens matériels (« Ne vas pas »… »d’un jour »). Certes, les biens matériels peuvent bien nous procurer du plaisir, mais à condition de que nous n’en soyons pas dépendants, car ils relèvent de la Fortune (« Comment » … »de ses biens »). En effet, la Fortune nous enlève ou nous accorde des biens matériels, mais ne cause pas le bien ou le mal que nous ressentons alors, car seule notre âme en est responsable (« En effet » … »de son malheur »).

4. Exercice d’entraînement

Vous pouvez faire cet exercice dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site). Un corrigé vous sera proposé dans le Tutoriel n°2..

Dégagez les étapes de l’argumentation du texte suivant :

La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. Un homme ne peut pas être légitimement contraint d’agir ou de s’abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela le rendrait plus heureux ou que, dans l’opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste. Ce sont certes de bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s’il agit autrement. La contrainte ne se justifie que lorsque la conduite dont on désire détourner cet homme risque de nuire à quelqu’un d’autre. Le seul aspect de la conduite d’un individu qui soit du ressort de la société est celui qui concerne les autres. Mais pour ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue. Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l’individu est souverain.

John Stuart MILL

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