Tutoriel n°2 (dissertation/Terminale) : Définir les termes clefs du sujet

Pourquoi définir les termes du sujet ?

Il est important que vous définissiez le sens (ou les différents sens) des termes qui composent le sujet. En effet, cela va vous permettre :
–  de préciser ce sens à votre lecteur (le correcteur), afin qu’il comprenne bien votre pensée ;
– de faire progresser votre réflexion, car, très souvent, la réponse à la question posée (et à votre problématique) varie, en fonction des différents sens que l’on donne aux termes du sujet.

Remarque : cette analyse du sujet (à savoir son « découpage » en ses différents éléments) ne doit pas vous faire perdre de vue le sens global de la question posée ! Nous reviendrons sur ce sens global, dans un prochain tutoriel.

Voici les catégories de termes que vous aurez à définir et à analyser dans le sujet :
1) Une (ou deux) notion(s) du programme (puisque les sujets doivent nécessairement être construits sur ces notions) ;
2) Un autre terme du langage courant (à moins que ce ne soit une autre notion au programme ou que le sujet ne comporte qu’un verbe et une notion ) ;
3) Le verbe les reliant.

Exemple : Peut-on distinguer l’histoire de la fiction ?

« L’histoire » est la notion au programme. Le terme « fiction » appartient au langage courant, de même que le verbe « distinguer ». Vous connaissez bien sûr leur sens, mais la difficulté consiste à en donner une véritable définition.

1) Pour ce qui est des notions du programme, il faut impérativement vous appuyer sur les définitions vues en cours, pendant l’année. En effet, vous ne pourrez pas improviser une définition digne de ce nom de la liberté, du désir ou du bonheur le jour du baccalauréat !
2) et 3) Par contre, il faut vous entraîner à définir des termes du langage courant. Dans ce tutoriel n°2, nous verrons comment analyser le terme du sujet autre que la notion au programme. Nous parlerons de l’analyse du verbe, dans le tutoriel n°3.

Qu’est-ce que définir ?

Définir une chose consiste à donner l’ensemble des caractéristiques qui lui sont essentielles. Attention, il ne s’agit pas d’en faire une description (qui, elle, mélange des propriétés essentielles et secondaires).
Pour savoir si votre définition est bonne, vérifiez :
– qu’elle n’est pas trop large. Elle est trop large, si elle vaut pour plusieurs choses, et non uniquement pour celle que vous aviez à définir. Pour ce faire, repartez de votre définition et demandez-vous si elle n’est valable que pour le terme à définir ou si elle convient aussi à d’autres. Dans ce dernier cas, il vous faut trouver d’autres propriétés essentielles à ajouter à votre définition.
– qu’elle ne contient pas une propriété secondaire. Pour ce faire, enlevez mentalement cette propriété à la chose à définir : est-elle toujours la même ? Si oui, vous avez à faire à une propriété secondaire (ex : la couleur pour un objet), sinon il s’agit bien d’une propriété essentielle.

NB : il est souvent utile de partir de la catégorie générale à laquelle appartient la chose à définir (sentiment, état, valeur, etc.)

Définir consiste également à relever tous les sens possibles d’un terme (la langue française compte en moyenne 5 sens différents par mots !). Bien entendu, il ne faudra utiliser que les sens qui sont valables, dans le contexte de la question posée.

Exercice d’application

La jalousie : sentiment maladif qui consiste à envier de façon excessive ce qu’autrui possède ou ce qu’il est, tout en estimant que sa situation est injuste, ou qui consiste à vouloir garder exclusivement pour soi ce que l’on possède.

Une excuse : explication que l’on invoque pour justifier une action (ou une inaction) et qui consiste, soit en une raison réelle, soit en une raison inventée, dans le but de se disculper ou d’atténuer sa responsabilité dans une action (ou une inaction) que l’on nous reproche ou que l’on se reproche soi-même.

Exercice proposé

Vous pouvez faire cet exercice dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site)

Une correction est proposée, dans le Tutoriel n°3 .

Définir (en suivant les conseils donnés plus haut) :
– « la certitude »
– « utile »
– « un maitre »

Corrigé de l’exercice du Tutoriel n°1

Faites l’exercice du Tutoriel n°1, avant de lire la correction !

1) Peut-on penser par soi-même sans se soucier de ce que les autres pensent ?

a) L’interrogation « peut-on » renvoie tout d’abord à la capacité psychologique de penser par soi-même, sans l’aide de la pensée des autres : n’avons-nous pas besoin de leurs  idées, de leurs objections, pour forger notre propre réflexion ?

b) Cependant, le verbe « se soucier de » nous indique que l’interrogation « peut-on » renvoie plutôt à la question du droit moral. En effet, s’enfermer dans notre propre pensée, sans chercher à savoir si d’autres la partagent ou sont en désaccord avec nous, peut nous conduire à une forme d’intolérance ou à l’illusion de la supériorité de notre pensée sur celle des autres. Or, du point de vue moral, les autres ont le droit que nous les traitions comme des égaux et avec respect.

2) Peut-on être esclave de soi-même ?

a) L’interrogation « peut-on » interroge ici sur la capacité psychologique d’être notre propre esclave. En effet, l’esclave est celui qui est privé de liberté par un maître, pour lequel il travaille. Or, la liberté est l’un des biens les plus précieux pour l’homme. Il paraît donc contradictoire que nous nous privions nous-mêmes de liberté !

b) La question peut aussi se poser sur le plan moral. Il est en effet interdit par la morale de priver arbitrairement quelqu’un de liberté, donc également soi-même.

3) Faut-il enterrer le passé ?

a) L’interrogation « faut-il » porte tout d’abord sur la nécessité d’enterrer le passé, afin d’avoir un présent meilleur. C’est notre propre intérêt qui est ici en jeu.

b) Nous pouvons également nous demander si c’est un devoir moral (et même politique) de le faire. En effet, « enterrer le passé » (au sens de ne plus tenir compte de désaccords qui ont troublé l’entente par le passé) permet de construire une situation de paix, entre différentes personnes ou différents pays.

4) Suffit-il d’être conscient de ses actes pour en être responsable ?

Etre conscient de ses actes et de leurs conséquences est bien la condition nécessaire pour être déclaré responsable. Mais cette condition suffit-elle ? Pour pouvoir porter la responsabilité d’un acte, il faut aussi en avoir été l’auteur à part entière : c’est un acte que nous avons décidé, par notre propre volonté et non pas un acte qu’autrui nous aurait forcé à accomplir.

5) Pourquoi revendique-t-on le droit d’être citoyen ?

a) La question « pourquoi » interroge tout d’abord sur les causes et les raisons du fait de revendiquer le droit d’être citoyen. Ce peut être tout simplement parce que nous ne vivons pas sous un régime démocratique.

b) Plus fondamentalement, la raison principale ne réside pas dans les circonstances extérieures, mais dans le fait que l’homme est un être qui est fait pour être libre. Or, en étant citoyen (c’est-à-dire, en participant activement aux décisions politiques), nous pouvons exercer notre liberté et la défendre, en même temps.

c) Cette raison peut également être le but visé par notre revendication. Nous revendiquons le droit d’être citoyens pour pouvoir exercer notre liberté et la défendre.

6) Comment peut-on distinguer l’histoire de la fiction ?

a) Par quels moyens ? Pour pouvoir vérifier que le récit historique n’est pas un récit purement imaginaire, nous devons nous appuyer sur des traces écrites, de témoignages.

b) De quelle manière devons-nous utiliser ces sources ? Il ne faut pas croire spontanément ce que ces sources affirment, mais il faut vérifier leur validité : par exemple, en croisant les différentes versions qui proviennent de différentes sources.

7) Toute certitude est-elle fondée sur une vérité ?

L’interrogation « toute » nous invite à la recherche d’exceptions. Certes, la possession de la vérité engendre un sentiment de certitude. Cependant, ce n’est pas parce que l’on est certain d’une affirmation que cette affirmation est nécessairement vraie. En effet, la certitude peut être un sentiment qui prend naissance sur une illusion ou une simple croyance.

8) Y a-t-il une vérité dans l’art ?

L’interrogation « y a-t-il » annonce une contradiction dans les notions en jeu, dans le sujet. Ainsi, les termes « vérité » et « art » semblent s’exclure, car l’art consiste soit à représenter la réalité ( représentation qui ne peut pas être un copie parfaite), soit à créer un motif imaginaire. Cependant, le paradoxe peut être réduit, car on peut affirmer que l’art a, au contraire, la capacité de nous révéler des vérités que nous ne voyons pas, sans lui.

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