Tutoriel n°1 (Dissertation /Terminale) : Analyser les termes interrogateurs du sujet

Les premiers tutoriels vont porter sur l’analyse du sujet que vous devez faire, sur votre brouillon. Ne négligez pas cette étape, car de sa réussite dépend également la réussite de votre dissertation toute entière. En effet, bien conduire cette analyse va vous permettre :
– de bien comprendre la question qui vous est posée (et donc d’éviter de faire un hors sujet) ;
– de trouver des éléments de réflexion pertinents (et donc d’éviter une réflexion superficielle).

Dans ce premier tutoriel, je vous montre comment analyser le terme interrogateur du sujet, quand il existe.

Les termes interrogateurs qui reviennent le plus souvent sont :
1) « Peut-on…?  »
2) « Faut-il…?  » ou « doit-on…? »
3) « Pourquoi …? »
4) « Comment … ? »
5) « Suffit-il …? » (variante : « Suffit-il de … pour …? »)
6) « En quel sens peut-on dire que … ? »
7) « Y a-t-il …? »
8) « Tout…?  »

Le tableau suivant vous donne un aperçu des différents sens de ces termes :

Peut-on … ? 1) Capacité, possibilité (matérielle, psychologique, logique, etc.,) de
2) Droit (juridique et/ou moral) de
Faut-il…? (ou doit-on…?) 1) Nécessité
2) Devoir juridique et/ou moral
Pourquoi …? 1) Cause, raison
2) But
Comment …? 1) Moyen
2) Manière
Suffit-il … ?
Suffit-il de … pour …?
La condition, supposée nécessaire, est-elle suffisante ou y en a-t-il d’autres ?
En quel sens peut-on dire que …? En quel sens (souvent figuré) l’expression peut-elle être admise ?
Tout …? Recherche d’exceptions
Y a-t-il … ? Réflexion sur l’existence de quelque chose qui paraît contradictoire

Exercice d’application

1) Peut-on faire l’éloge de la passion ?
Sens 1 : Est-il logiquement possible de faire l’éloge de la passion ? Autrement dit, n’est-il pas contradictoire de faire l’éloge de la passion, donc d’en souligner les aspects positifs, alors que la passion est un sentiment excessif, qui peut nous pousser à des actions nuisibles pour nous-mêmes ou pour autrui ?
Sens 2 : Avons-nous alors le droit moral de le faire ? Est-ce moralement admissible ? Par exemple, la satisfaction d’une passion peut nous rendre égoïste, alors que la morale valorise l’altruisme.

2) Faut-il apprendre à se connaître soi-même ?
Sens 1 : Est-il nécessaire d’apprendre à se connaître soi-même ? Cette nécessité peut être conditionnée par des buts que nous voulons atteindre : par exemple, apprendre à nous connaître, pour pouvoir être heureux.
Sens 2 : Avons-nous le devoir moral de le faire ? Une méconnaissance de soi pourrait entraîner des actes immoraux ?
Remarque : notez bien ici que le verbe « faut-il » porte :
– sur le verbe « apprendre » seulement. Faut-il apprendre ou est-ce quelque chose de naturel ?
– sur l’expression toute entière : « apprendre à se connaître soi-même ». Faut-il porter ses efforts sur cette connaissance ou sur la connaissance d’autre chose ?

3) Suffit-il de voir pour savoir ?
Le fait de voir est une condition nécessaire pour savoir, mais est-elle suffisante ? N’a-t-on pas besoin d’autres conditions, notamment d’apporter des explications à ce que l’on constate ? En effet, un véritable savoir est capable de déterminer les causes de son objet. Inversement ce que nous voyons peut nous induire en erreur. Par exemple, nous voyons que le soleil « tourne » dans le ciel, mais nous savons que c’est bien la terre qui tourne autour de lui !

4) Toute réalité est-elle matérielle ?
Recherche d’exceptions : la réalité est bien présente sous forme matérielle (par exemple, le objets), mais est-ce sa seule forme d’existence ? Ne peut-on pas concevoir l’existence d’une réalité non matérielle, c’est-à-dire spirituelle (comme l’esprit, Dieu)

5) Y a-t-il du travail dans les œuvres d’art ?
Remise en question de l’existence d’une chose qui paraît contradictoire. L’œuvre d’art paraît être le produit de l’inspiration de l’artiste, non d’un travail. De plus, la notion de travail (comme application de règles pour produire quelque chose) semble contradictoire avec celle d’œuvre d’art (qui, contrairement à un objet technique, n’est pas l’application de règles déterminées et enseignables)

6) Pourquoi la justice a-t-elle besoin d’institutions ?
Pour quelles causes, raisons ? La justice est une valeur, une vertu, qui devrait être présente en chacun de nous, et nous faire agir de manière juste. Cependant, soit nous en manquons, soit nous refusons de l’écouter. Par conséquent, la justice a besoin de se matérialiser dans des institutions (comme les tribunaux), pour que les hommes lui obéissent, notamment par la crainte de la sanction.
Dans quel but ? Les institutions permettent à la justice de se faire craindre et donc de se faire plus facilement obéir.

Remarque : savez-vous bien faire la différence entre cause, raison et but ?
– Une cause est une réalité naturelle qui provoque une autre réalité appelée « effet » : « Le pot de fleur est tombé, parce qu’il y avait du vent. »
– Une raison est une cause qui est comprise et acceptée, par notre raison et qui est souvent invoquée pour justifier notre comportement. (« Il ne doit pas manger de chocolat, parce qu’il a du cholestérol ».) Cependant, cette « cause » peut aussi exister simplement dans notre imagination : « Je n’ai pas réussi mon interrogation, parce que je suis nul. »
– Un but est une raison que nous posons, mais qui se situe après l’action que nous voulons réaliser et qui nous motive pour la réaliser. Souvent raison et but se rejoignent, comme dans l’exemple précédent.

7) Comment peut-on savoir que l’on a raison ?
Par quels moyens et de quelle manière utiliser ces moyens ? Le moyens que nous pouvons utiliser sont, par exemple, le fait de disposer d’arguments ou de demander aux autres ce qu’ils pensent de notre avis. Cependant, il nous faut aussi utiliser ces moyens de la bonne manière : nos arguments doivent être vérifiables et nous ne devons pas chercher à influencer ou à intimider autrui.

8) En quel sens peut-on dire que la vérité s’impose ?
Au sens propre, ont dit que quelqu’un s’impose quand il agit à l’encontre de notre volonté, sans que nous ayons la force de lui résister.
Or, nous disons parfois que la vérité s’impose à nous comme une évidence. Cependant, la vérité ne s’impose pas d’elle-même pas, mais doit être prouvée. Elle finit par s’imposer, après que nous l’ayons posée comme vérité, au terme d’une recherche.

Exercice proposé

Vous pouvez faire ces exercices dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site)
Une correction vous est proposée, dans le Tutoriel n°2

Analyser le (ou les) sens des termes interrogateurs, dans les sujets suivants :

1) Peut-on penser par soi-même sans se soucier de ce que les autres pensent ?
2) Peut-on être esclave de soi-même ?
3) Faut-il enterrer le passé ?
4) Suffit-il d’être conscient de ses actes pour en être responsable ?
5) Pourquoi revendique-t-on le droit d’être citoyen ?
6) Comment peut-on distinguer l’histoire de la fiction ?
7) Toute certitude est-elle fondée sur une vérité ?
8) Y a-t-il une vérité dans l’art ?

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