Quand vous êtes confronté à un problème, avez-vous l’impression qu’il va durer ou qu’il n’est que provisoire ? Etes-vous très vite découragé ou bien au contraire combatif ?
Dans les années 1960, le psychologue américain Martin Seligman et son équipe ont découvert que vos réponses aux précédentes questions dépendaient d’un facteur essentiel, sur lequel ils ont construit une nouvelle approche de la psychologie, appelée : « psychologie positive ».
La thèse centrale de la psychologie positive
Cette thèse est la suivante : lorsque nous sommes confrontés à un problème, nous cherchons à l’expliquer et nous adoptons alors un style d’explication qui est soit pessimiste, soit optimiste.
Les personnes qui ont un style d’explication pessimiste ont tendance à considérer leurs problèmes comme :
– (1) permanents,
– (2) envahissants,
– (3) personnels.
(1) « permanents » : les personnes pensent que leur problème est récurrent (« c’est toujours la même chose ! ») et qu’il ne disparaîtra pas (« cela ne finira jamais! »)
(2) « envahissants » : un problème apparaît toujours dans un domaine particulier (le travail, les relations familiales, etc,…); mais, les personnes au style d’explication pessimiste considèrent qu’il empoisonne tous les autres aspects de leur vie.
(3) « personnels » : les personnes se considèrent comme entièrement responsables de leurs problèmes et éprouvent même souvent un fort sentiment de culpabilité.
Au contraire, les personnes qui ont un style d’explication optimiste considèrent leurs problèmes comme provisoires, les gardent circonscrits à un domaine particulier de leur vie et ne s’en rendent pas personnellement responsables.
Les implications des deux styles d’explication
Martin Seligman a conduit un certain nombre d’expériences qui ont montré que :
– les individus qui ont un style d’explication optimiste se découragent moins vite et donc abandonnent moins facilement devant la difficulté que les autres.
– les individus qui ont un style d’explication pessimiste ont davantage de probabilité de tomber dans la dépression.
Seligman insiste bien sur ce point : ce n’est pas son état dépressif qui rend la personne pessimiste, mais c’est son style d’explication fortement pessimiste qui cause l’état dépressif.
Il est possible de changer notre style d’explication
Une autre thèse capitale de la psychologie positive est qu’il est parfaitement possible pour chacun d’apprendre à changer son style d’explication. Et plus nous apprenons tôt (idéalement pendant l’enfance) à avoir un style d’explication optimiste, plus nous aurons de chance d’être « immunisés » contre la dépression.
Pour changer notre style d’explication pessimiste en un style d’explication optimiste, il nous faut apprendre :
– (1) tout d’abord, à reconnaître les pensées négatives qui traversent notre esprit, lorsque nous sommes confrontés à un problème ;
– (2) puis, à critiquer ces pensées, en leur opposant une évidence contraire ;
– (3) puis, à donner une explication différente à notre problème (dans un style optimiste);
– (4) enfin, à détourner notre esprit de pensées négatives, déprimantes.
Seligman différencie bien sa méthode de la « pensée positive ». Il ne s’agit pas de chercher à se persuader que tout va bien ou que tout ira mieux.
Comment pouvons-nous utiliser ces principes de la psychologie positive ?
Sans aller jusqu’à tomber dans un état dépressif, nous rencontrons tous dans notre vie des moments difficiles, où nous nous sentons démunis face à l’adversité. Quel élève ne s’est-il pas senti découragé par un mauvaise note ? Quel étudiant ne s’est-il pas senti dépité par un échec à un examen ou à un concours qu’il s’est appliqué à préparer ? Quel professeur ne s’est-il pas senti démuni face au regard apathique de certains élèves ?
Pendant les prochains jours, je vous conseille de faire les expériences suivantes :
– prenez conscience de la manière dont vous réagissez face à un problème : que vous dites-vous intérieurement ? comment décrivez-vous ce problème aux autres ?
– écoutez aussi les gens autour de vous ou bien les personnages dans les films ou les feuilletons : quel style d’explication ont-ils ?
– connaissez-vous des personnes au style d’explication très optimiste ?
Dans la deuxième partie de cet article, je vous parlerai d’un autre aspect essentiel de la psychologie positive. En effet, Martin Seligman s’est rendu compte que la psychologie ne devait pas seulement servir à remédier à différents problèmes psychologiques. Mais, elle devait aussi nous permettre d’atteindre une vie plus heureuse et plus épanouie.
Faites-moi part de vos impressions sur cet article et sur la psychologie positive, ainsi que de vos retours d’expérience!