Trouver des idées pour votre dissertation de philosophie est une étape primordiale pour bien la réussir. Dans ce tutoriel, je vous donne des conseils et des méthodes pour trouver de bonnes idées pour votre réflexion et j’illustre ces conseils par un exemple d’application. Un exercice vous est aussi proposé et vous pouvez m’envoyer vos réponses pour vous entraîner !
Qu’est-ce qu’il faut entendre par « idées pour la réflexion » ?
Une idée est une affirmation qui répond à votre problématique de départ. Elle vous sert donc à progresser, dans la résolution de cette problématique. Elle doit présenter plusieurs qualités :
– être clairement énoncée (votre correcteur doit immédiatement comprendre de quoi vous parlez);
– être pertinente (à savoir, bien être en rapport avec le sujet donné et votre problématique);
– être toujours argumentée.
Votre correcteur sera aussi attentif à la variété de vos idées et à la manière dont vous les articulez entre elles, pour faire progresser votre réflexion. Nous verrons ce point, dans un prochain tutoriel, consacré au plan de la dissertation.
Par contre, une idée ne doit pas être systématiquement suivie d’un exemple, car cela alourdirait trop votre copie. Vous pourrez vous contenter de 3 ou 4 exemples, car le plus important est qu’ils soient bien analysés. Nous verrons dans un prochain tutoriel, comment traiter les exemples.
Faut-il chercher des idées pour la réflexion, avant d’avoir trouvé le plan ou après ?
Une fois que vous avez terminé l’analyse du sujet et déterminé votre problématique, il vous reste à trouver des idées, pour construire votre réflexion.
A ce stade de votre travail, deux méthodes sont possibles :
– vous savez déjà, au vu de votre problématique, quel plan que vous allez suivre : vous trouverez ensuite, les idées qui serviront à alimenter les différentes parties ;
– vous ne savez pas du tout quel plan vous allez suivre : il vous faut alors commencer par trouver des idées pour votre réflexion, puis voir ensuite comment elles peuvent s’organiser entre elles, en différentes parties, toujours en fonction de votre problématique.
La deuxième méthode paraît plus logique : vous réunissez déjà les briques de votre maison, et vous la construisez avec ce que vous avez « sous la main ». Mais, certains élèves ont d’abord en tête le plan de construction de leur maison et réunissent ensuite les matériaux pour la construire.
Nous supposerons ici que vous vous trouvez dans le premier cas.
Comment trouver des idées pour la réflexion ?
A ce stade du travail préparatoire, notez toutes les idées qui vous viennent à l’esprit : vous ferez le tri, par la suite. Mobilisez votre culture générale, vos connaissances acquises en cours de philosophie, mais aussi dans d’autres matières. Allez chercher des idées, dans différents domaines de réflexion (l’histoire, la psychologie, l’art, les sciences, etc…)
Rappelez-vous bien que chaque idée que vous trouvez est une réponse « provisoire » à votre problématique. Ainsi, quand vous trouvez une idée, recherchez quelles peuvent être les alternatives ou les idées opposées.
Pour l’instant, ne vous préoccupez absolument pas de l’ordre entre vos idées.
Combien d’idées différentes vous faut-il trouver ?
Il n’y a pas de chiffre exact, bien sûr. Mais, l’expérience montre que si vous disposez d’une douzaine d’idées au départ, cela vous permettra de constituer une bonne réflexion, par la suite. Tout dépend aussi de la variété de vos idées : plus elles seront variées et plus il vous sera facile de construire avec elles les différentes parties de votre plan.
Exercice d’application
Je vous propose de rechercher des idées de réflexion pour le sujet « Y a-t-il un devoir de mémoire ? ». Une problématique sur ce sujet était à trouver dans l’un des exercices du tutoriel n°5. Si vous n’avez pas fait cet exercice, lisez sa correction plus bas.
J’ai recherché des idées, en fonction des deux problématiques proposées, pour vous montrer que leur analyse doit bien se faire, en fonction de la problématique que vous posez au départ.
Problématique n°1 : Comment est-il possible de s’obliger à se souvenir de faits passés, alors que notre mémoire semble échapper au contrôle de notre volonté ?
Idées trouvées :
– Les faits dont je me souviens sont des faits marquants pour la mémoire, car chargés émotionnellement. Pourquoi ? Parce que des êtres humains ont souffert ou fait preuve de vertus morales, comme le courage, l’abnégation ou le sacrifice. (ex : les Résistants)
– Les cérémonies de commémorations sont des actes solennels, qui permettent de se souvenir (ex : 70e anniversaire du Débarquement de Normandie)
– Le terme « commémoration » marque l’idée de se souvenir ensemble . Se souvenir est donc un devoir envers la société à laquelle nous appartenons.
– La mémoire est une faculté qui semble indépendante de la volonté : nous nous rappelons des détails futiles ou des faits douloureux que nous aimerions mieux oublier.
– Plutôt que de parler de « devoir » de mémoire, il faut plutôt parler de « nécessité » pour nous, de nous souvenir de choses qui sont nécessaires à notre survie (ex : nous souvenir que le feu brûle)
– Le « devoir de mémoire » ne se limite pas à un simple souvenir, mais il doit s’accompagner du sentiment de reconnaissance et de gratitude (envers les acteurs de l’histoire dont nous commémorons les faits) et d’une réflexion (pour éviter,dit-on couramment, de refaire certaines erreurs)
– Mais pouvons-nous nous obliger à ressentir de la reconnaissance ?
– Le devoir est un obligation morale. Mais, n’est-il pas absurde de faire porter une obligation sur ce qui semble échapper à notre volonté ? Pourtant la morale kantienne nous dit « Tu dois, donc tu peux ! »
– Pour l’histoire contemporaine, des supports matériels (photos, films, affiches) nous aident à nous souvenir.
Problématique n°2 : Y a-t-il un sens à faire porter une obligation morale sur le souvenir de faits passés ?
Idées trouvées :
– Une obligation morale porte sur une action en général (ex : « Je ne dois pas voler ») et donc détermine mes actions futures. En effet, elle m’ordonne que mes actions respectent la personne d’autrui.
– Faire porter une obligation morale sur un souvenir paraît absurde, car la représentation d’une image mentale ne semble pas avoir d’incidence sur le respect de la personne d’autrui. De plus, elle porte sur la représentation d’un fait passé, que l’on ne peut plus changer (alors que l’action morale que je dois faire a la capacité de modifier la réalité extérieure).
– Quelles sont les conséquences morales du devoir de mémoire ? Ce devoir reconnaît la valeur morale des actions faites par d’autres êtres humains (les Résistants, les Justes, etc.), et il s’accompagne de sentiments moraux, comme la reconnaissance ou l’empathie pour ceux qui ont souffert.
– Si le devoir de mémoire se limite à un simple cérémonial, il perd sa moralité.
– Le devoir de mémoire porte sur des êtres humains qui n’ont pas fait simplement leur devoir moral, pour aider leurs contemporains, mais aussi pour permettre aux générations futures de rester libres, donc pour l’humanité entière.
– Ces actions ont une valeur d’exemplarité (« je ferai la même chose, si une situation identique se présente »)
– Le devoir de mémoire renforce la mémoire collective et donc la vigilance par rapport à des opinions prônant la violence ou l’intolérance.
– Limites du devoir de mémoire ? Il peut favoriser une lecture unilatérale de l’histoire (les « bons » dans un camp et les « méchants » dans un autre). Il peut être récupéré par des régimes totalitaires, pour justifier leur politique (ex : Siège de Stalingrad devenu symbole de la lutte contre le nazisme, pour un régime lui-même totalitaire !)
Exercice proposé
Vous pouvez faire cet exercice dans la zone des commentaires (ou sur la page « me contacter », si vous ne voulez pas que votre travail paraisse sur le site)
Une correction vous sera proposée dans le Tutoriel n°7.
Trouvez des idées de réflexion pour le sujet : « La violence peut-elle être un remède contre l’injustice ? »
Corrigé de l’exercice du Tutoriel n°5
Je vous conseille vivement de faire l’exercice du tutoriel n° 5 , avant de lire sa correction.
a) La violence peut-elle être un remède contre l’injustice ?
Je vous rappelle que, pour trouver une problématique, il faut repartir de la définition des termes du sujet et approfondir ces définitions, jusqu’à trouver des propriétés contradictoires entre elles.
Pour cela, je vous propose une variante aux méthodes déjà proposées et qui vous aidera, si vous avez vraiment de la difficulté à définir les termes : commencez alors par trouver les mots que vous associez au terme à définir, ainsi que des exemples.
Première esquisse :
Violence : force, mal, déchaînement, irrationnelle
Ex : individu violent, foule violente, Révolution, vent violent, séisme violent
Remède : médecine, guérir, soulager, maladie, mal
Ex : Remède efficace, remédier à…
Injustice : tort, inégalité, contre nos droits
Ex : subir une injustice, décision injuste
Deuxième esquisse :
L’idée est de montrer que la violence est elle-même injuste et qu’il semble donc contradictoire de s’en servir pour remédier à l’injustice, à moins d’être partisan de « guérir le mal par le mal ». Mais, comment exprimer cette contradiction ?
Je reprends maintenant ma recherche précédente, car une « piste » intéressante me semble offerte par l’opposition entre « déchaînement » (pour la violence) et le fait d’être un remède à l' »inégalité » et au « non-respect du droit » (pour l’injustice)
Déchaînement de la violence : parole ou action démesurée, par rapport à la force moyenne d’un être humain et face à laquelle il se sent impuissant et même touché dans son intégrité physique et morale.
Injustice : parole ou action qui ne prend pas pour mesure, pour norme, les droits d’autrui.
Problématique proposée :
Comment l’expression d’une force démesurée pourrait-elle faire en sorte que des paroles ou des actions qui ne respectent pas les droits d’autrui, les prennent pour mesure, sans aller elle-même à l’encontre de ces droits ?
Remarque : l’aspect intéressant de cette méthode est que vous n’avez pas besoin de mettre en forme,tout de suite, les définitions des termes du sujet.
Y a-t-il un devoir de mémoire ?
Souvenez-vous que le terme interrogateur « y a-t-il » indique une opposition manifeste entre les termes du sujet ! (cf. Tutoriel n°1)
Reprenons la méthode proposée pour le premier sujet :
devoir : obligation, domaine moral, domaine juridique. Pas de choix. Se forcer. Pas envie de faire l’action mais pas non plus contrainte totale.
mémoire : passé, souvenirs, faculté (manquer de mémoire), oubli (« trou de mémoire »)
Première problématique possible :
Il m’apparaît que le devoir est quelque chose de « volontaire » : on se force à faire quelque chose, parce que l’on a pas envie, au nom d’un principe que l’on estime être supérieur à notre intérêt immédiat.
Par contre,le fait de mémoriser quelque chose est souvent involontaire (même si l’on peut volontairement faire un effort de mémoration ou de remémoration)
Cette première problématique aura donc une orientation « psychologique » :
« Comment est-il possible de s’obliger à se souvenir de faits passés, alors que la mémoire semble échapper au contrôle de la volonté ? »
Deuxième problématique possible :
Il m’apparaît que le devoir porte sur une action présente ou à venir. Par contre, la mémoire porte sur des images ou des évocations mentales de faits ou d’actions passées.
Problématique proposée :
« Y a-t-il un sens à faire porter une obligation morale sur le souvenir de faits passés ? »
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