Pourquoi et comment éviter le multitasking ?

La pratique du « multitasking » (ou fait d’accomplir plusieurs tâches en même temps) est devenue une habitude pour beaucoup d’entre nous, notamment depuis l’arrivée massive des outils informatiques et des médias sociaux, dans notre quotidien et dans notre travail.

Dans cet article, je vous montre pourquoi il faut éviter à tout prix de tomber dans cette habitude, ou si vous l’avez déjà acquise, quelles sont les méthodes pour vous en défaire ou du moins la réduire. Cette habitude a, contrairement à ce que l’on pourrait croire, de nombreux effets négatifs, notamment dans le travail intellectuel.

En effet, de nombreuses études montrent que :
– « faire plusieurs choses à la fois » est impossible, pour des tâches qui demandent de la concentration. En réalité, nous passons très vite d’une tâche à une autre et donc nous dispersons notre concentration et notre attention.
– le multitasking fait commettre davantage d’erreurs et augmente le stress.
– le multitasking est une pratique qui peut devenir hautement addictive : plus l’on perd la capacité de se concentrer et plus l’on pratique le multitasking et ainsi de suite.

Le multitasking repose sur plusieurs illusions

1. L’illusion de faire plusieurs choses à la fois

Le terme « multitasking » a d’abord été utilisé pour caractériser les performances de calcul des ordinateurs. Cependant, un processeur nous donne l’illusion de pouvoir faire plusieurs calculs à la fois, à cause de sa très grande vitesse. En réalité, il ne fait que passer très rapidement d’un calcul à un autre. De même, le cerveau humain ne peut pas se concentrer pleinement sur plusieurs tâches à la fois, à moins que l’une des tâches soit automatique : par exemple, tenir une conversation en marchant.

Cependant, dès que les tâches demandent un minimum d’attention ou de réflexion, le cerveau n’a plus la capacité de les réaliser correctement. Ainsi, téléphoner au volant augmente de 50% le temps de réaction du conducteur au freinage !

Sur le plan du travail intellectuel, le multitasking a des effets négatifs sur les performances des élèves et des étudiants. En effet, des études ont montré que l’habitude du multitasking diminue notamment :
– leur capacité à saisir le sens de phrases ou d’énoncés un peu complexes.
– leur capacité à persévérer devant la difficulté.

2. L’illusion de gagner du temps

Nous croyons que faire deux choses « en même temps » nous coûte moins de temps que d’en faire une seulement après avoir achevé l’autre. Or, des études montrent au contraire :
– que le multitasking augmente le temps perdu de 25 à 100 %.
– que ceux qui le pratiquent régulièrement ont une conscience du temps passé à faire quelque chose qui est faussée.

3. L’illusion d’être relaxé

Sur le plan psychologique, je pense que le multitasking peut s’expliquer de la manière suivante : nous fractionnons une tâche :
– parce qu’elle est difficile à faire. Ainsi, personne n’aurait l’idée de faire « en même temps » deux tâches complexes, comme chercher à résoudre deux problèmes de mathématiques à la fois ou analyser deux sujets de dissertation de philosophie !
– parce qu’elle est ennuyeuse. Ainsi, personne n’aurait l’idée de zapper pendant un film passionnant !

Cependant une telle logique a un coût. Nous rendons moins désagréable une tâche, en l’entrecoupant par une autre plus agréable. Nous conditionnons alors notre cerveau à rechercher sans cesse des stimuli « accrocheurs » : ai-je un nouveau message ? mon blogueur préféré a-t-il posté un nouvel article ? qu’y a-t-il de nouveau dans l’actualité ? etc.

Outre la perte de concentration, cette pratique provoque aussi un stress important :
– l’esprit doit faire un effort pour passer d’une tâche à l’autre et notamment pour se reconcentrer sur la tâche difficile.
– au cas où notre attente de recevoir de nouveaux stimuli n’est pas satisfaite, nous ressentons de la déception, voire de la frustration.
– pire, l’interruption peut nous détourner de votre tâche principale, au point où nous n’avons plus envie de nous y remettre dans l’immédiat. Nous la faisons alors au dernier moment, dans l’urgence et dans le stress !

Ainsi des études ont montré que les personnes qui pratiquaient le multitasking de manière habituelle sont davantage stressées que celles qui ne le pratiquent qu’occasionnellement.

Comment arrêter le multitasking ou éviter d’en faire une habitude

Le principe de travail le plus efficace est le suivant : faire une seule chose à la fois et ne passer à une autre tâche, qu’après avoir complètement terminé la précédente ! Cependant, même en trouvant ce principe logique et évident, il peut être très difficile de ne pas tomber dans le piège du multitasking. C’est pourquoi je vous donne ici des stratégies faciles à mettre en place, pour l’éviter ou du moins en diminuer la fréquence.

1. Neutralisez le plus possible les perturbateurs de concentration

Quand vous travaillez :
– demandez à votre entourage de ne pas venir vous interrompre.
– éteignez votre portable et placez-le dans un autre pièce.
– n’écoutez pas de musique.
– séparez le travail de réflexion du travail de recherche d’informations (sur Internet).
– n’allumez votre ordinateur, que si vous avez vraiment besoin de travailler dessus.
– désactivez les alertes e-mail sur votre ordinateur.
– désactivez la connexion wifi ou débrancher le câble reliant votre ordinateur à votre box, quand vous travaillez sur un logiciel de traitement de texte, pour ne pas être tenté d’aller sur Internet.

Pour ne pas surfer exagérément sur Internet, quand vous travaillez avec :
– ciblez bien votre recherche, avant de commencer.
– lisez un article en entier, avant d’aller consulter les autres articles qu’il vous propose, via les liens hypertextes.

2. Travaillez en utilisant la technique Pomodoro

La technique Pomodoro est une méthode redoutablement efficace, pour se concentrer sur un travail. Elle consiste à travailler intensément, pendant un laps de temps donné (entre 25 et 45 mn). L’arrêt de la séquence est déterminé par la sonnerie d’un minuteur. Un repos d’une dizaine de minute précède une nouvelle séquence. Cette technique empêche par conséquent la saturation intellectuelle.

Mais vous pouvez aussi l’utiliser, pour éviter le multitasking. Il suffit de décider que vous ferez l’autre tâche, pendant les moments de pause (et seulement à ces moments-là) ou au bout de 2 ou 3 séquences.

Cette façon de procéder permet quand même au cerveau d’avoir sa dose de « récompenses », mais de manière raisonnable. Elle vous déconditionne progressivement, si vous êtes un adepte invétéré du multitasking. Et surtout c’est vous qui contrôlez le processus et non votre cerveau qui vous contrôle !

3. Décidez à quels moments surfer sur Internet ou consulter vos messages

Un autre moyen de contrer l’habitude du multitasking est de décider à quel(s) moment(s) de la journée, vous aller surfer sur Internet ou consulter vos messages. Après tout, vous n’avez pas l’obligation d’être joignable 24 h sur 24, sauf cas exceptionnels.

Cette technique est aussi efficace pour éviter la « frustration » due à l’absence des stimuli recherchés : il est plus probable qu’une information intéressante arrive, tous les 8h, 12 h ou 24 h, que toutes les demies-heures !

4. Pratiquez le yoga et la méditation

Si vous fonctionnez la plupart du temps en mode « multitasking » c’est que vous avez perdu l’habitude de vous concentrer.

Le yoga et la méditation sont des techniques qui peuvent vous aider à retrouver le niveau de concentration, dont vous aurez besoin, pour être performant dans vos études ou dans votre travail en général.

Je vous conseille de commencer par le yoga, parce que c’est une pratique qui fait bouger : elle consiste à faire des mouvements, en se concentrant sur le corps et à les caler sur le rythme de la respiration. Vous trouverez d’autres bonnes raisons de pratiquer le yoga, dans mon article : 5 bonnes raisons de pratiquer le yoga.

La méditation est peut-être d’une approche plus difficile, car elle consiste à rester assis dans le silence, sans bouger, pour faire le calme dans son esprit. Cependant, vous constaterez très vite qu’il est possible de se sentir bien, sans avoir besoin d’être sans cesse bombardé par des stimuli visuels et auditifs. Vous trouverez également d’autres raisons de faire de la méditation et comment la pratiquer dans mon article : 4 bonnes raisons de pratiquer la méditation

5. Recherchez la satisfaction dans le travail bien fait et non dans des stimuli artificiels

Dans un précédent article Les quatre étapes du processus créatif, j’explique comment notre esprit fonctionne, lorsqu’il est confronté à un problème, dont il doit trouver la solution. Dans sa recherche, il passe par plusieurs phases : la préparation, l’incubation, la résolution et la vérification. Les deux dernières phases s’avèrent être particulièrement gratifiantes.

Selon moi, la satisfaction que l’on éprouve à avoir résolu un problème difficile ou à avoir accompli un bon travail est beaucoup plus grande que celle procurée par des stimuli artificiels et éphémères, tels que surfer sur Internet ou consulter sa messagerie !

Conclusion

Il ressort donc de votre propre volonté de résister aux sirènes du multitasking. Vous y gagnerez en temps, en efficacité et en sérénité !

Et si vous avez vos propres stratégies pour éviter le multitasking, merci de nous en faire part !

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